La RIAA ne laisse aucun répit à Google. Semaine après semaine, l'association interprofessionnelle en charge de la défense des intérêts de l'industrie du disque aux États-Unis envoie à la firme de Mountain View des centaines de milliers de notifications exigeant la suppression de liens conduisant à des contenus protégés par des droits d'auteur mais qui ont été piratés par les internautes.
En moyenne, la RIAA adresse chaque semaine un peu plus de 321 000 requêtes à la société pour qu'elle nettoie son moteur de recherche. Et l'acharnement du principal lobby du disque aux USA est tel que le total cumulé de ses signalements a dépassé la barre des 50 millions depuis juillet 2011, date à laquelle Google a commencé à détailler avec précision les demandes des propriétaires d'œuvres.
100 millions de requêtes en 4 mois
Remarqué par Torrentfreak, le franchissement symbolique de ce cap est en réalité une goutte d'eau face à l'ensemble des réclamations que les ayants droit lui adressent. Il n'a fallu que quatre mois aux ayants droit signaler plus de 100 millions de notifications à Google en 2014. L'année dernière, franchir ce seuil avait nécessité un peu peu plus de temps : environ sept mois.
En mai 2012, l'on pouvait estimer que Google procédait au retrait d'une adresse toutes les deux secondes.
Vu le domaine d'activité de la RIAA, il n'est pas surprenant de voir que les adresses visées concernent des sites de téléchargement de musique en format MP3 et des hébergeurs spécialisés. Le top 5 des domaines est ainsi composé de Filestube.com (désormais accessible en Filestube.to), de Pisamba.com, de Downloads.nl, MP3Skull.com et Beemp3.com.
Une tactique qui atteint ses limites
Malgré le réel succès des services de streaming comme Deezer et Spotify, qui comptent chacun plusieurs millions d'abonnés payants et encore plus d'auditeurs (en incluant ceux se limitant à l'accès gratuit), l'activité très forte de la RIAA révèle en filigrane que le partage non autorisé de la musique reste très important, ce qui traduit en particulier une insatisfaction des internautes face à l'offre légale actuelle.
Surtout, la stratégie ne paraît pas efficace. Voilà pratiquement trois ans que Google renseigne sur les demandes de retrait des ayants droit et le volume des notifications très élevé. Chassez un lien de Google, il en apparaîtra un autre, pourrait-on dire. La bataille conduite par la RIAA au niveau des résultats du moteur de recherche pourrait ne pas avoir d'issue favorable pour l'organisation…
D'autant que pour les sites dans le collimateur de la RIAA, il n'est pas bien difficile de modifier l'URL pour éviter le coup de balai de Google. Résultat, la RIAA doit parfois repasser plusieurs fois sur les mêmes contenus mis en avant par les mêmes sites, sans jamais vraiment parvenir à les exclure une bonne fois pour toutes de l'index du moteur de recherche.
Sans parler des erreurs qui apparaissent parfois (HBO demandant la censure de VLC ou Microsoft se visant par inadvertance, par exemple).
Ne pas oublier la carotte
Google doit-il faire plus ? Aux yeux de la RIAA, la réponse est évidente. Mais pour la firme de Mountain View, certaines limites commencent à être atteintes. Certes, Google a un intérêt commercial à participer à la lutte anti-piratage. Il s'y emploie, d'ailleurs. Mais la seule agitation du bâton est insuffisante. Pas question pour le moment d'aller plus loin, Google jugeant que c'est désormais la carte de la carotte qu'il faut jouer.
Autrement dit : que l'industrie du divertissement commence à s'attaquer aux causes profondes du téléchargement illicite, qui ne sont toujours pas résolues, au lieu de vouloir essayer de trafiquer Google pour cacher le piratage (nettoyage de l'auto-suggestion, retrait de tous les liens pirates (dont les pages d'accueil), déplacement des sites légaux en haut des résultats, etc).
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