Le Gouvernement devrait publier dans les prochains jours un arrêté modifiant la norme NFC 15-100, pour rendre optionnels les pré-câblages informatiques qui étaient imposés depuis 2003 dans les logements neufs. Un recul qui vise à faire réaliser quelques centaines d'euros d'économies par logement aux promoteurs.

Dans les prochains jours, le Gouvernement publiera un arrêté visant à amoindrir les exigences de la norme NFC 15-100, qui fixe les règles minimales à respecter dans les installations électriques en basse tension, c'est-à-dire dans les bâtiments et les locaux d'habitation. La norme actuelle est issue d'une révision imposée en 2002 pour toutes les constructions dont le permis de construire a été délivré à partir de 2003, et rend obligatoire un certain nombre d'installations "de confort" que le gouvernement de Manuel Valls veut désormais rendre optionnelles. Dans le cadre du "choc de simplification", l'objectif de Bercy est de réduire les coûts des promoteurs immobiliers, pour déporter la charge financière sur les occupants qui souhaitent bénéficier de ces options.

Ainsi seules les normes dites "de sécurité" resteront obligatoires, alors que les normes "de confort" deviendront facultatives. Or parmi ces dernières figurent les normes relatives aux courants faibles (.pdf) qui préconisent la création de réseaux VDI (Voix, Données, Image) traversant toutes les pièces habitables du logement. Concrètement, la norme se traduisait par l'installation dans toute l'habitation de prises RJ45 qui permettent de brancher aussi bien des téléphones que des ordinateurs, consoles de jeux, téléviseurs et autres appareils nécessitant une connexion à un réseau de communication.

Mais comme le soulignait vendredi dernier le site Localtis qui a révélé l'information, la suppression de l'obligation de pré-câbler tous les logements neufs avec des réseaux de communication inquiète les professionnels du numérique, les FAI et les collectivités qui ont lancé des travaux pour amener la fibre optique dans les immeubles.

Des logements inadaptés à la domotique et l'internet des objets

Car même en reconnaissant qu'il sera toujours possible de brancher une box ADSL ou fibre optique à l'entrée d'un logement, il est pour le moins risqué de miser sur les très instables réseaux WiFi ou les réseaux CPL pour assurer la connectivité à très haut débit de tous les appareils qui nécessitent une connexion au réseau domestique. On parle non seulement des équipements avec écrans d'aujourd'hui, mais aussi et surtout de ceux de demain, tels les nombreux objets connectés ou les appareils de domotique qui promettent d'envahir notre quotidien et nos maisons. Les réseaux filaires omniprésents, à proximité des prises électriques, sont la seule garantie d'une bonne exploitation du très haut débit.

Interrogée par Numerama, une source proche du dossier du ministère de l'industrie nous confie que le coût moyen d'installation de réseaux de communication filaires dans les logements neufs est estimé entre 300 et 400 euros par habitation. En rénovation, où le coût est supporté par l'habitant, il faut compter au minimum le double, à condition de consentir à faire passer les câbles dans de très indiscrètes et inesthétiques goulottes. Pour une installation mieux intégrée au logement, les travaux peuvent être beaucoup, beaucoup plus onéreux. Or, "ne pas imposer de câblage informatique dans les logements en 2014, c'est comme si l'on avait prévu de n'imposer que l'arrivée d'un disjoncteur électrique, sans prévoir des prises de courant dans chaque pièce", s'agace notre source.

A Bercy, les fonctionnaires concernés espèrent toutefois convaincre le Gouvernement de parvenir à un compromis, en maintenant par exemple l'obligation d'installer des prises RJ45 dans le logement, mais en nombre réduit.

L'arbitrage aura lieu au début de ce mois, et concernera 350 000 logements neufs par an, soit environ 3,5 millions de logements d'ici la prochaine décennie, où la norme devrait subir sa nouvelle révision.

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