La date du 15 décembre était importante à plus d’un titre pour SpaceX. C’est en effet ce jour que l’entreprise américaine spécialisée dans l’astronautique et le vol spatial a utilisé, au cours d’une mission de ravitaillement de la station spatiale internationale, un étage de sa fusée Falcon 9 qui a déjà servi lors d’une mission précédente.
Jusqu’à présent, SpaceX avait restreint l’usage de lanceurs usagés à la mise en orbite des satellites. On peut le comprendre : l’enjeu est moindre avec eux, même s’ils coûtent cher à fabriquer. Perdre un satellite est certes très fâcheux, auprès du client comme de l’opinion publique, mais c’est moins problématique que de connaître un incident lors de l’envoi des vivres à l’équipage de l’ISS.
C’était donc une grande première pour la firme, qui jouait aussi sa crédibilité technique en s’attaquant à nouveau palier. Cela dit, ce vol était aussi l’occasion pour la compagnie fondée par Elon Musk d’aller un peu plus loin dans la prise de risque en testant une association inédite : l’emploi d’un engin qui a déjà acheminé du matériel dans l’espace avec une capsule Dragon qui a aussi eu droit à son baptême du feu.
Ce n’était pas la première fois qu’une capsule Dragon déjà utilisée retournera dans l’espace. Le 3 juin, lors de la mission CRS-11 consistant à réapprovisionner l’ISS, c’est l’engin du vol CRS-4, qui a eu lieu du 21 septembre au 25 octobre 2014, qui avait été mobilisé. Deux ans d’attente entre les deux décollages, donc, qui s’expliquent par le caractère novateur de l’opération.
Ici, plusieurs éléments d’origine avaient été conservés (de la coque aux propulseurs, en passant par les réservoirs de propergol et la tuyauterie, sans oublier les éléments structuraux, les harnais et une partie de l’avionique) tandis que les pièces trop dégradées ou consommées (bouclier thermique, batteries, certaines parties en contact avec l’eau de mer lors du retour sur Terre) avaient été remplacées.
Pour SpaceX, cette combinaison est cruciale car elle doit lui permettre de valider un peu plus son modèle économique, celui-ci reposant en grande partie sur le recyclage de ses véhicules spatiaux pour des raisons économiques et de concurrence : faire pression à la baisse sur le prix d’un lancement orbital, c’est s’assurer un carnet de commandes bien rempli face à des rivaux qui peuvent être plus fiables mais dont les services peuvent coûter cher.
Initialement, la mission planifiée le 15 décembre devait avoir lieu le 8 décembre. Toutefois, a expliqué la Nasa, il a fallu tenir compte de l’état de préparation du pas de tir, des exigences relatives aux charges utiles scientifiques, de la disponibilité de l’équipage de la station spatiale et de la mécanique orbitale. Ces considérations ont nécessité plusieurs ajustements de calendrier.
(mise à jour de l’article en incluant la nouvelle date fixée par SpaceX)
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