Impliqué dans la lutte contre le piratage du fait de sa place prépondérante dans la recherche en ligne, Google fixe certaines limites aux exigences des ayants droit. Ainsi, la firme de Mountain View refuse en général de déréférencer les pages d'accueil des sites pirates. Elle demande à la place à l'industrie du divertissement de lui communiquer des liens très précis.

Dans le cadre de la lutte contre le piratage des œuvres sur Internet, les ayants droit sollicitent très régulièrement Google pour qu'il retire de son index les liens menant vers des fichiers piratés. Chaque semaine, l'entreprise américaine en reçoit plus de 3 millions. Ces adresses mènent vers des hébergeurs spécialisés, des sites de liens BitTorrent ou bien des plateformes de streaming.

Si l'efficacité de cette stratégie de déréférencement est très contestable, dans la mesure où les contenus sont rapidement mis en ligne ailleurs, elle est néanmoins respectée par la firme de Mountain View, malgré le nombre considérable de demandes, qui ne cesse d'augmenter année après année. Cependant, la société fondée par Larry Page et Sergueï Brin a fixé quelques lignes rouges.

Il n'est ainsi pas question de bannir la page d'accueil d'un site sans motif clair et légitime, même s'il est illicite, ou de retirer tout le domaine de l'index de Google. Si des exceptions peuvent exister (comme Uptobox ou BTJunkie), une contestation en cas de déréférencement permet a priori de rétablir l'adresse dans Google (c'est le cas de The Pirate Bay, retiré par erreur du moteur de recherche en 2009).

Des pages d'accueil visées

Les limites que s'impose Google ont été confirmées récemment avec une requête de la Motion Picture Association of America (MPAA), qui souhaitait obtenir la censure de 81 sites web. Fondée au nom de la loi américaine sur la protection du droit d'auteur à l'ère d'Internet (Digital Millennium Copyright Act), elle ne vise aucun fichier en particulier, se contentant de lister des pages d'accueil.

Comme le pointe Torrentfreak, Google a refusé de donner suite à la très grande majorité des demandes (60 sur 81). L'entreprise américaine ne précise pas pourquoi elle a refusé de traiter ces liens. Cependant, il est clair que la requête de la MPAA ne satisfaisait pas les exigences de formalisme établies par le groupe pour éviter les demandes abusives.

Des demandes trop vagues ?

Dans sa foire aux questions, Google indique que les notifications sont effectivement traitées "à condition que ces dernières soient formulées clairement et précisément". Or, Google précise qu'il ne prend aucune action, en particulier lorsque "les informations […] fournies […] sont insuffisantes", le contenu est introuvable ou la demande est mal formulée.

En ciblant la page d'accueil et non un lien très précis, la MPAA n'a pas permis à Google de constater la présence d'un quelconque contenu litigieux. Les pages d'accueil des sites pirates ne contiennent généralement pas d’œuvres piratées, même si un moteur de recherche interne permet de les consulter. Dès lors, Google n'a pas pris de mesures particulières, la requête étant trop floue.

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