On sait depuis plusieurs années que PayPal ne souhaite plus associer ses services de paiement en ligne à des sites de piratage. L'ancienne filiale d'eBay a durci ses règles en 2012, et stipule depuis que "les vendeurs offrant des programmes de partage de fichiers ou l'accès à des services de forum de discussion doivent contrôler et empêcher l'accès à du contenu illégal". PayPal demande ainsi aux prestataires de fournir des explications sur leur méthode de contrôle des fichiers hébergés, et des garanties sur les actions entreprises pour empêcher l'accès aux contenus piratés.
Mais jusqu'à présent, le service MEGA ouvert par Kim Dotcom sur les cendres de MegaUpload avait échappé à la répression de PayPal. La société avait accepté de fournir à MEGA les moyens de recevoir les paiements par carte bancaire des utilisateurs souhaitant bénéficier d'abonnements donnant l'accès à des espaces de stockage plus importants ou à une vitesse de téléchargement plus grande. Pendant des années, PayPal a considéré que l'activité de MEGA était légale et conforme à ses propres stipulations contractuelles.
Mais tout a changé radicalement la semaine dernière. Selon MEGA, c'est la publication d'un rapport NetNames (.pdf) pour la Digital Citizens Alliance qui a semé le trouble. Consacré aux hébergeurs de contenus privés ("cyberlockers"), le rapport pointait du doigt le fait que Mega était le seul des gros hébergeurs indépendants à encore proposer directement des paiements par PayPal, et notait que sur 500 liens publics examinés, 81,4 % conduisaient vers des fichiers piratés. Le rapport était extrêmement biaisé sur ce dernier aspect, mais il aurait suffi à convaincre un sénateur américain, Patrick Leahy, de faire pression sur PayPal pour qu'il cesse immédiatement toute collaboration avec MEGA.
PAYPAL INCOMPATIBLE AVEC LA VIE PRIVÉE ?
Selon le service en ligne, qui dédouane PayPal de toute responsabilité, le prestataire aurait reconnu que MEGA avait essentiellement une activité légale d'hébergement de contenus privés. Mais PayPal se serait soudainement découvert des inquiétudes liées au chiffrement de bout en bout des contenus hébergés, qui ne permet pas à MEGA de savoir précisément ce qu'il héberge, et donc d'éviter l'hébergement de contenus piratés.
PayPal "nous a fait savoir qu'un problème clé était que MEGA a un modèle unique avec son chiffrement de bout en bout qui conduit à une "inconnaissabilité de ce qui est sur la plateforme"", rapporte la société de Kim Dotcom.
En réaction, MEGA a annoncé qu'il offrait pour le moment gratuitement les abonnements proposés, et qu'il étendait de deux mois la durée des abonnements déjà souscrits, en attendant de nouvelles options de paiement.
Numerama a contacté PayPal pour avoir davantage d'explications, et obtenir en particulier sa position officielle sur le chiffrement des contenus par les prestataires d'hébergement de fichiers. Affaire à suivre.
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