Dix ans de compétition, 30 millions de dollars en guise de récompense mais aucune équipe victorieuse. Tel est le bilan, brossé à grands traits, du concours Google Lunar X Prize lancé en 2007. Il s’agissait d’envoyer un rover sur la Lune et de lui faire parcourir une distance relativement courte.

C’était il y a plus de dix ans : en 2007, Google lançait une compétition internationale, baptisée Google Lunar X Prize, portant sur une mission d’exploration privée sur la Lune. L’objectif à atteindre ? Qu’une équipe réussisse à faire parcourir à son engin au moins 500 mètres sur le satellite tout en diffusant vers la Terre diverses données et son trajet avec une vidéo en haute définition.

En guise de motivation, Google offrait une récompense de 20 millions de dollars — qui a été rehaussée plus tard à 30 millions de dollars — à l’équipe qui parviendrait à remporter ce challenge. Il s’est toutefois avéré que l’échéance initiale fixée par la Fondation X Prize et Google, le parrain du concours, était intenable : fixée à 2012, elle a été repoussée à trois reprises pour être finalement déplacée au 31 mars 2018.

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Mais aujourd’hui, à deux mois de la date limite, la Fondation X Prize et Google ont dû se rendre à l’évidence : aucune équipe ne parviendra à atteindre la Lune et accomplir un court trajet à sa surface avec un rover dans le temps imparti. Aussi a-t-il été décidé de proclamer l’absence de vainqueur et que, par conséquent, le prix de 30 millions de dollars ne peut pas être attribué.

« Nous avons conclu qu’aucune équipe ne tentera d’atteindre la Lune avant le 31 mars 2018. Ce lancement vers la Lune est difficile, et bien que nous nous attendions à ce qu’il y ait un gagnant maintenant, en raison des difficultés liées à la collecte de fonds et aux défis techniques et réglementaires, le grand prix de 30 millions de dollars du Google Lunar X Prize ne sera pas réclamé », écrit l’organisateur.

« Nous avons conclu qu’aucune équipe ne tentera d’atteindre la Lune avant le 31 mars 2018 »

Au nombre de 29 sur la ligne de départ, les participants n’étaient plus que 5 dans les derniers mois de la compétition :  on trouvait Space IL (Israël), Moon Express (États-Unis) TeamIndus (Inde), Hakuto (Japon) et Synergie Moon (international). Tous avaient conçu leur propre vaisseau spatial et avaient obtenu du soutien extérieur, notamment des financements provenant d’investisseurs privés.

Constatant les faibles probabilités de réussite, Google avait ajouté quelques lots de consolation, comme le Lunar Arrival Milestone, un prix de 1,75 million de dollars pour les équipes parvenant à mettre leur fusée en orbite lunaire, ou bien le Soft Landing Milestone et ses 3 millions de dollars, pour féliciter les équipes réussissant à poser leur engin sur la surface de la Lune.

Lune nuit

CC Flo

« Il est incroyablement difficile d’atterrir sur la Lune », observent, en guise de conclusion, les tenants de la compétition. Cependant, ils estiment qu’il était normal de lancer un défi aussi exigeant : « si chaque concours X Prize que nous lançons a un gagnant, alors nous ne sommes pas assez audacieux ». En clair, les participants, même s’ils ont perdu, n’ont pas démérité. Loin de là.

Par ailleurs, il est expliqué que même si la compétition n’a pas permis de dégager une équipe victorieuse, l’aventure dans son ensemble est loin d’être un échec, avec des levées de fonds bouclées avec succès, des emplois créées dans quelques pays, une couverture médiatique notable ainsi que des compétences acquises dans le domaine spatial, même s’il n’y a pas eu de passage de la théorie à la pratique.

Lune

CC Bill Williams

Apanage des États

De cette histoire, l’on peut conclure que l’accès à la Lune reste l’apanage des États : pour l’heure, seules trois nations ont démontré leur capacité à poser sans encombre un engin sur le satellite : la Russie, les États-Unis et la Chine. Ces missions, orchestrées par des agences spatiales nationales, n’ont pu être menées à bien que parce qu’il y avait la puissance étatique derrière et des considérations politiques.

Outre ces trois nations, quelques autres pays comme le Japon (avec la mission Selene-2), l’Inde (avec Chandrayaan-2) ou l’Union européenne (même si elle s’est plutôt focalisée sur des missions visant d’autres corps du système solaire, comme avec Huygens sur Titan, un des satellites de Saturne, la Rosetta-Philae sur la comète Tchoury, et la future mission sur Mars avec ExoMars EDM) prévoient d’aller sur la Lune ou ont la capacité de le faire.

Mais la donne pourrait bientôt changer avec certaines entreprises du secteur privé : dans un avenir plus ou moins proche, des entreprises comme SpaceX ou Blue Origin pourraient faire de même, en tout cas au moins pour la Lune, qui demeure l’objectif le plus proche et le plus facilement atteignable.

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