Le débat sur les opportunités et les risques de l'intelligence artificielle n'est pas nouveau. Il est même, d'une certaine façon, antérieur à l'avènement de l'informatique. Mais ces derniers temps, il est devenu plus audible du fait de la notoriété de quelques personnalités qui ont fait part de leur peur de voir émerger une machine capable de déployer une réflexion équivalente ou supérieure à celle d'un homme.
Vous les connaissez sans doute : l'astrophysicien Stephen Hawking, l'entrepreneur Elon Musk (qui a donné 10 millions de dollars à un fonds pour orienter les travaux de l'intelligence artificielle vers une meilleure prise en compte des besoins de l'humanité), le fondateur de Microsoft Bill Gates… tous ont exprimé, dans des termes plus ou moins alarmistes, leurs craintes de voir l'homme dépassé par son œuvre.
Mais l'on pourrait aussi mentionner les 1500 signataires de la lettre ouverte sur l'intelligence artificielle, dont le directeur de la recherche de Microsoft Eric Horvitz, le directeur de l'IA chez Facebook Yann LeCun, plusieurs responsables de l'IA chez Google, Frank Wilczek (colauréat du prix Nobel de physique), ainsi que des dizaines de chercheurs, universitaires, doctorants et ingénieurs.
STEVE WOZNIAK PESSIMISTE
À cette liste, nous pouvons désormais ajouter Steve Wozniak. Le cofondateur d'Apple, aujourd'hui âgé de 64 ans, est lui aussi vivement préoccupé par l'avenir de l'intelligence artificielle. Dans un entretien accordé à la revue financière australienne AFR, il est estime que l'avenir est tout tracé : "les ordinateurs vont prendre le relais de l'homme, cela ne fait aucun doute".
"Tout comme Hawking et Gates, j'adhère à l'idée que l'avenir est effrayant et nuisible pour les gens. Si nous construisons ces appareils pour s'occuper de tout à notre place, ils penseront en fin de compte plus vite que nous et se débarrasseront des hommes, plus lents, pour gérer les entreprises plus efficacement", juge Steve Wozniak.
DES RISQUES DIFFÉRENTS
Là où certaines figures des sciences et de l'informatique soulignent un risque existentiel pour l'humanité (les robots détruisent les hommes, pour une raison ou pour une autre), l'ancien collègue de Steve Jobs paraît surtout craindre les troubles sociaux que cette situation pourrait causer (les robots prennent les emplois des hommes, car ils sont plus efficaces, infatigables et n'ont pas besoin de droits).
Cette inquiétude est partagée en France par 74 % d'entre nous, selon une étude menée pour la Commission européenne. Malgré les réticences au sein de l'opinion publique, des entreprises s'engagent dans cette voie, à l'image de Foxconn ou Nestlé, pour ne citer que deux exemples. Même les pouvoirs publics sont favorables au développement de l'automatisation et la robotisation dans l'industrie.
Et Steve Wozniak de se demander comment les machines nous considéreront. "Serons-nous des dieux ? Serons-nous des animaux de compagnie ? Ou serons-nous simplement des fournis que l'on écrase [sans y prêter attention] ? Je ne sais pas…" Mais, plutôt que de finir sur une note négative, l'informaticien a conclu son intervention sur une pirouette.
"Lorsque j'en arrive à penser à un futur où je serais traité en animal de compagnie par ces machines intelligentes… hé bien, ça me pousse à prendre à traiter avec beaucoup de soin mon propre chien".
( photo : CC BY-SA Nichollas Harrison )
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