La Station spatiale internationale pourrait-elle être privatisée ? C’est une éventualité pour laquelle la Maison-Blanche a engagé une réflexion, car Washington souhaite que la Nasa se concentre sur d’autres programmes. Mais les USA ne sont pas les seuls dans cette aventure.

Avec l’assemblage des premiers modules à la fin de l’année 1998, la Station spatiale internationale fêtera dans quelques mois ses vingt ans d’existence. Bien qu’elle soit toujours en cours de construction — l’ISS doit accueillir le laboratoire russe Nauka et un bras télémanipulateur européen avant 2019 –, la question du devenir de cette superstructure a commencé à se poser.

En effet, il n’est pas prévu de faire fonctionner l’ISS ad vitam æternam : il arrivera un jour où il faudra procéder à son désorbitage contrôlé, à la manière de ce qui avait été fait avec Mir, la station russe. Or, à ce moment-là, ce ne sont peut-être plus les États, via leurs agences spatiales, qui géreront ce programme mais peut-être des sociétés privées. C’est en tout cas une réflexion qui existe à la Maison-Blanche.

ISS

L’ISS est située en orbite terrestre basse, à 400 km d’altitude.
CC Stuart Rankin

Selon les informations du Washington Post, l’administration Trump demanderait 150 millions de dollars « pour permettre le développement et la maturation d’entités et de capacités commerciales qui assureront que les successeurs privés qui prendront le relais de l’ISS – y compris éventuellement des éléments de l’ISS – seront prêts lorsqu’il sera nécessaire de faire appel à eux ».

L’idée d’un retrait américain, plus exactement de la Nasa, de la Station spatiale n’est pas neuve. Lorsque l’administration Obama était encore en poste fin 2015, William Gerstenmaier, l’administrateur adjoint responsable du programme d’exploration spatiale habitée, expliquait que l’agence devait se désengager progressivement de l’ISS pour se concentrer sur d’autres programmes.

Se désengager de l’ISS pour se concentrer sur d’autres missions

Aussi entend-on depuis quelques années une petite musique consistant à dire que la Nasa est prête à confier le destin de l’ISS, ou à tout le moins sa participation, à une société, ou à faciliter la participation d’entreprises aux opérations courantes, ce qui est déjà le cas avec SpaceX et et Orbital ATK, qui s’occupent de ravitailler la station, et Bigalow Aerospace, qui a greffé son propre module.

Même l’emblématique Buzz Aldrin pense qu’il est temps de tourner la page afin de pouvoir se concentrer sur des missions vers la Lune et Mars.

« La décision de mettre fin au soutien fédéral direct pour l’ISS en 2025 ne signifie pas que la plate-forme elle-même sera désorbitée à ce moment-là — il est possible que l’industrie puisse continuer à exploiter certains éléments ou certaines capacités de l’ISS dans le cadre d’une future plate-forme commerciale », indique le Washington Post, en citant un document interne de la Nasa.

ISS Dragon SpaceX BEAM

Des entreprises assurent le ravitaillement.
CC Nasa Johnson

Nation-cadre

Si les États-Unis occupent un rôle de nation-cadre pour la gestion et la coordination de l’ISS, ils n’ont pas la possibilité de décider unilatéralement de son sort — même si leur retrait scellerait sans doute le destin de la station, dans la mesure où les USA en sont les premiers contributeurs. En effet, il existe un cadre juridique, signé en 1998, qui organise ce programme.

Signé par Washington, mais aussi par Moscou, Tokyo, Ottawa et plusieurs capitales européennes, dont Paris, l’accord intergouvernemental permet par exemple à un État membre de se retirer de l’accord. Mais pour ce qui est de l’accession de partenaires privés, il faudrait certainement trouver un consensus entre les membres actuels, voire compléter ou remplacer le traité actuel.

Il ne paraît donc pas vraisemblable d’une privatisation complète de l’ISS à court et moyen terme, même si la Nasa a légitimement envie de réorienter différemment ses crédits.

SpaceX ISS

L’ISS doit fonctionner jusqu’en 2024-2025.
CC Nasa

Et cela, même si certaines opérations sont, de facto, déjà sous-traitées par des tiers privés, via des contrats signés de longue date ou dans le cadre d’expérimentations en vue de futures missions (c’est typiquement le cas de Bigalow : sa participation vise à tester un module gonflable qui pourrait servir dans diverses circonstances). La tendance va même s’accentuer, avec Boeing voire même Blue Origin.

Par ailleurs, à moyen terme, l’avenir de l’ISS est balisé : la station a déjà bénéficié de deux prolongements successifs de quatre ans chacun, pour durer jusqu’en 2024. Or, au départ, il était question de cesser de s’en servir en 2016. Il est possible que d’autres reports aient lieu, au regard de la contribution majeure de la station dans le domaine scientifique — il y a eu des milliers d’expériences réalisées en vingt ans.

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