En dépit de son nom, le Mobile World Congress ne se contente pas de présenter à la foule de ses visiteurs des innovations dans le domaine de la téléphonie mobile. Au détour de l’une de ses allées s’élève un étrange habitacle que l’on croirait tout juste détaché de la Station Spatiale Internationale.
Il se trouve sur le stand de la marque HPE, et renferme ce qui est présenté comme la copie fidèle d’une technologie qui se trouve actuellement au-dessus de nos têtes : le Spaceborne Computer.
Depuis l’été 2017, ce supercalculateur mis au point par Hewlett Packard Enterprise et la Nasa tient en effet compagnie aux hôtes humains de l’ISS. Le 14 août dernier, l’unité informatique a décollé de la Terre à bord d’une fusée de SpaceX, afin d’entamer son tout premier test en environnement spatial.
Visite guidée
Or, cette nouvelle édition du MWC est l’occasion rêvée pour découvrir à quoi ressemble exactement le Spaceborne Computer. Et ce, d’autant plus que l’un des principaux développeurs de l’appareil est présent sur place pour expliquer son fonctionnement. À l’intérieur de cette reproduction d’un morceau de station spatiale, nous passons quelques minutes en compagnie de Mark R. Fernandez, directeur des services technologiques de HPC chez HPE.
« Le Spaceborne Computer a deux objectifs, nous explique le développeur. Le premier est d’assurer une mission vers Mars. Cela nous prendra un an pour atteindre Mars. Si vous avez vu le film ‘Seul sur Mars‘, vous savez que le héros rencontre un problème, lorsqu’il veut communiquer avec la Terre : cela lui prend vingt-quatre minutes avant que le message n’arrive sur Terre [ndlr : et encore vingt-quatre autres minutes pour recevoir une réponse]. Vous auriez probablement besoin d’avoir un supercalculateur avec vous, pour trouver comment vous en sortir. »
Néanmoins, le grand voyage vers la planète rouge n’est pas l’unique mission que poursuivent la Nasa et HPE avec cet objet. « Le deuxième objectif, c’est de savoir si un superordinateur pourrait survivre dans l’espace pendant un an. C’est le but principal du Spaceborne Computer », poursuit Mark R. Fernandez.
Bien entendu, l’entreprise et l’agence spatiale américaine ne veulent pas laisser partir l’humanité en direction de Mars sans embarquer des technologies de pointe. « Si vous allez sur Mars, vous ne voulez pas partir avec l’iPhone 3G, vous voulez partir avec l’iPhone X. Vous voulez partir avec les technologies plus récentes et plus novatrices. C’est exactement ce que nous voulons faire avec ce supercalculateur », répond le développeur dans un sourire.
Opérationnel depuis 164 jours
Depuis le 14 août, Mark R. Fernandez suit avec une régularité précise le fonctionnement de l’unité informatique. Il nous montre sur un écran les informations clés dont il dispose en temps réel. « Ici, vous voyez que le Spaceborne Computer est dans l’espace depuis 195 jours, et qu’il est opérationnel depuis 164 jours. Cette carte montre où se trouve la Station spatiale internationale, et ces chiffres sont les résultats de nos différences expériences », nous décrit notre interlocuteur.
Les quantités de données brassées par l’appareil sont telles que Mark R. Fernandez explique qu’il les traite « in situ », c’est à dire directement sur place, dans l’espace. Les résultats sont renvoyés très régulièrement. « Je reçois une mise à jour toutes les cinq secondes, m’indiquant comment les choses se passent dans l’espace. S’il se passe quelque chose d’anormal, cela m’indiquera dans quel fichier regarder pour rechercher d’où vient le problème », fait-il observer.
L’unité informatique, dont le poids avoisine les 65 kg, se fournit en énergie grâce à des panneaux solaires, à bord de la Station spatiale internationale. Comme Mark R. Fernandez le fait remarquer, le calculateur génère une chaleur importante : « C’est pourquoi il est équipé d’un système de refroidissement, exactement comme le radiateur dans les voitures. La chaleur de l’appareil se dissipe dans le froid de l’espace. nous voulons qu’il dure le plus longtemps possible, afin de pouvoir aller sur Mars. J’ai l’habitude de dire, avant de partir, il faut que nous sachions. »
« Avant de partir, il faut que nous sachions »
Lorsqu’on lui demande combien de temps il espère voir le Spaceborne Computer assurer sa mission à bord de l’ISS, le développeur répond ceci : « Au départ, quand il a été envoyé dans l’espace, personne ne pensait qu’il marcherait, y compris mon propre manager. D’autres pensaient que le calculateur serait détruit avant d’arriver sur la station », s’amuse Mark R. Fernandez.
L’objet a pour l’instant déjoué ces pronostics alarmistes, et devrait bientôt fêter ses 200 jours dans l’espace.
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