Installée à Mountain View depuis 2006, l’entreprise 23andMe revendique aujourd’hui s’être spécialisée dans l’analyse du code génétique. Ce service, qu’elle propose de manière payante, a attiré en 2007 l’attention de Google, qui a investit 3,9 millions de dollars dans la société de biotechnologie.
Désormais, l’entreprise commercialise des tests génétiques censés indiquer à leurs utilisateurs quelles sont leurs risques de développer un cancer. Le kit en question doit permettre de tester trois types de mutations différentes, et pose à cet égard la question de sa pertinence : en effet, le test ne sera pas en mesure d’identifier des centaines d’autres mutations, pourtant liées au développement de la maladie.
Ce test est-il vraiment efficace ?
Le 6 mars 2018, l’entreprise a obtenu de la part de la Food and Drug Administration (FDA), l’agence américaine chargée d’autoriser la commercialisation des médicaments aux États-Unis, la possibilité de mettre en vente ce test. L’autorisation porte sur les gènes BRCA1 (dont des variations ont été impliquées dans des cancers du sein, des ovaires et de la prostate) et BRCA2 (impliqué dans des cancers du sein et des ovaires).
La FDA avait déjà approuvé, par le passé, d’autres kits de tests de 23andMe, concernant la maladie d’Alzheimer et la maladie cœliaque (l’intolérance au gluten).
3 mutations sur plus de 1000 connues
« Le test analyse l’ADN prélevée sur un échantillon de salive auto-prélevé, et le résultat indique si une femme présente un risque élevé de cancer du sein et de l’ovaire, et si un homme présente un risque élevé de développer un cancer du sein ou de la prostate. Le test ne détecte que trois mutations BRCA, sur plus de 1 000 connues. Cela signifie qu’un résultat négatif n’exclut pas la possibilité qu’un individu soit porteur d’autres mutations BRCA, qui augmentent le risque de cancer », fait observer la FDA dans le communiqué de presse relatif à cette autorisation.
Sollicité par The Verge, le généticien Eric J. Topol, membre de l’institut de recherche Scripps, invite à la prudence à l’égard du test commercialisé par 23andMe. « Les personnes testées peuvent avoir la fausse impression qu’elles ne sont pas porteuses, alors qu’elles peuvent en fait avoir des centaines d’autres mutations fonctionnelles connues », fait-il observer.
Anne Wojcicki, la CEO de 23andMe, souligne de son côté qu’en dépit des limites du test, celui-ci présente l’intérêt de démocratiser le dépistage génétique.
« Soyons clair, le nouveau test de 23andMe, une fois qu’il sera rendu disponible, ne diagnostiquera pas le cancer et ne pourra pas limiter vos chances de contracter un cancer. Il ne couvre pas la plupart des milliers de variantes du BRCA1 et du BRCA2, qui sont associées à un risque élevé de cancer, des variantes d’autres gènes associés à un cancer héréditaire ou des facteurs non génétiques, tels que l’environnement et le mode de vie », écrit-elle dans une publication de blog.
« Le test ne diagnostiquera pas le cancer »
Bien que le test puisse contribuer à encourager le dépistage, il ne semble donc pas apporter des résultats auxquels les clients de 23andMe pourraient raisonnablement accorder leur confiance. « Les résultats peuvent prêter à confusion ou induire en erreur, sans une éducation appropriée », observe Erica Rames, qui préside la National Society of Genetic Counselors.
Cette organisation, ainsi que la FDA, tombent d’accord pour dire que ce test ne peut se substituer à une consultation médicale, et n’élimine en aucun cas le risque de cancer. « La nouvelle offre de 23andMe est mieux que rien, constate Eric J. Topol. Mais nous devons (et pouvons même maintenant) faire mieux. »
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