Aucun océan n’est épargné : du Pacifique à l’Atlantique, en passant par l’océan Indien, il existe d’immenses zones maritimes où se concentrent les déchets produits par l’activité humaine. Au fil des ans, ce sont de véritables « continents de plastique » qui se sont formés, les courants piégeant des détritus de toutes tailles, de la microbille au bidon, entre la surface et jusqu’à 30 mètres de profondeur.
Même si le phénomène est connu depuis une quinzaine d’années, son ampleur a encore du mal à être estimée. Aussi l’Agence spatiale européenne souhaite-t-elle mettre au point une méthodologie qui permettra de réaliser des mesures optiques directes du problème depuis des satellites placés en orbite. En effet, les instruments scientifiques déployés dans l’espace se limitent à une observation indirecte.
Mesure optique directe
« Ce que nous examinons est la faisabilité d’une mesure optique directe des déchets plastiques marins, à partir des satellites. Cela peut sembler impossible, mais il y a des raisons de croire que cela pourrait être faisable, du moins lorsqu’il y a certains taux de concentration », explique Paolo Corradi, le scientifique chargé de superviser le programme.
Ici, il ne s’agirait pas vraiment de prendre des photos en haute résolution pour essayer de distinguer les déchets flottants à la surface des océans mais « d’identifier une signature spectrale distincte du plastique capté en orbite, de la même manière que les logiciels de traitement peuvent aujourd’hui repérer les concentrations de phytoplancton, les sédiments en suspension et la pollution de l’eau », poursuit-il.
Détection par infrarouge ?
Il évoque en particulier certaines empreintes infrarouges propres au plastique, qui sont d’ores et déjà utilisées par l’industrie du recyclage pour trier les déchets. Selon l’Agence européenne, ces travaux ont débuté en septembre et des tests sont d’ores et déjà menés avec les images satellites produites par Sentinel-3, une famille de satellites d’observation de la Terre gérée par l’ESA.
Connaître le degré de pollution des océans est capital. En effet, les fragments de plastique entrent parfois dans le régime alimentaire des animaux marins, volontairement ou non, et il y a un risque que ces détritus, outre la nocivité qu’ils causent dans la biodiversité, finissent par nuire à toute la chaîne alimentaire. Il y a urgence : selon l’ESA, environ 10 millions de tonnes de plastique sont déversés chaque année dans les océans.
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