En étudiant une enzyme capable de digérer des plastiques polluants, des scientifiques ont créé sans le vouloir une protéine encore plus efficace. Elle pourrait dégrader le plastique PET, particulièrement polluant.

Entre 1950 et 2015, 8,3 milliards de tonnes de plastiques ont été produites par l’être humain, dont 6,3 milliards de tonnes se sont transformées en détritus peu biodégradables. Si la part des plastiques dans les déchets continue de croître au rythme actuel, 12 milliards de tonnes de déchets plastiques pourraient finir dans la nature d’ici 2050 — 35 000 fois la masse de l’Empire State Building.

À l’heure où la science songe à utiliser des satellites pour mesurer l’ampleur des dégâts, d’autres chercheurs ont peut-être fait une découverte importante pour lutter contre cette forme de pollution. Le 16 avril 2018, l’Université de Portsmouth (Royaume-Uni) et le Laboratoire national sur les énergies renouvelables (NREL, Colorado) ont publié un travail de recherche commun sur une enzyme aux propriétés étonnantes.

La protéine « digère » le plastique

Les scientifiques américains et britanniques avancent ainsi avoir mis au point une enzyme qui parvient à « digérer certains plastiques polluants ». La découverte est d’ores et déjà présentée comme une potentielle solution de recyclage des déchets en polytéréphtalate d’éthylène, ou PET — un matériau notamment employé dans la fabrication des bouteilles en plastique.

L’enzyme en question porte le nom de PETase. La bactérie a été découverte au Japon quelques années auparavant, et les chercheurs ont alors supposé qu’elle avait évolué dans un centre de recyclage — le PET ayant été breveté dans les années 1940.

John McGeehan, professeur de biologie structurale, et l’ingénieur Gregg Beckham se sont penchés sur la structure cristalline de cette enzyme, qu’ils ont étudiée en trois dimensions pour comprendre son fonctionnement. C’est au cours de cette étape qu’ils ont involontairement créé une autre enzyme, encore plus efficace pour dégrader le plastique.

Une découverte fortuite, à partir de l’enzyme PETase

« La chance joue souvent un rôle important dans la recherche scientifique fondamentale, et notre découverte n’y fait pas exception », a commenté John McGeehan.

Le professeur souligne que cette découverte est « modeste » mais qu’elle laisse supposer qu’une marge de manœuvre existerait pour améliorer davantage cette nouvelle version de l’enzyme.

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