La mission du nanosatellite français PicSat, qui a été mis en orbite mi-janvier, se solde par un échec. Depuis le 20 mars, l’engin ne répond plus aux instructions des opérateurs au sol. Il devait observer une exoplanète à 63,4 années-lumière de la Terre.

Clap de fin pour PicSat. Depuis le 5 avril, le nanosatellite français qui devait pointer son télescope en direction de l’étoile Beta Pictoris est considéré comme perdu : en effet, l’équipe responsable du programme n’a plus réussi à établir le contact avec l’appareil après le 20 mars. La dernière fois que la télémétrie de l’engin a pu être acquise, c’était à cette date, grâce à un radioamateur brésilien.

La mission est hélas un échec, juge son responsable, Sylvestre Lacour, un scientifique au laboratoire d’études spatiales et d’instrumentation en astrophysique. Dans un entretien accordé au journal du CNRS, il a expliqué le 11 avril que la perte de PicSat est incompréhensible — des hypothèses sont formulées mais aucune n’est privilégiée — ; la dernière télémétrie reçue indiquait pourtant que tout était normal.

Beta Pictoris

CC Nasa, Esa, and D. Apai & G. Schneider

Au départ, le travail spatial de PicSat devait durer un an : mis en orbite à la mi-janvier, il devait regarder plus précisément l’exoplanète Beta Pictoris b, une géante gazeuse orbitant à 1,5 milliard de kilomètres de l’étoile Beta Pictoris. L’engin devait analyser ce monde grâce à la méthode du transit astronomique, un évènement qui, dans le cas d’espèce, ne survient que tous les 18 ou 36 ans.

Et les astronomes impliqués dans le programme ne peuvent même pas se consoler en se disant que sur les deux mois d’activité du satellite, quelques données d’observation ont pu être récupérées : pendant cette période, l’équipe était « toujours en phase préparatoire », afin de « résoudre les problèmes de pointage du satellite ». Le travail scientifique devait démarrer un peu plus tard.

Pendant les semaines qui ont suivi, l’équipe autour de Sylvestre Lacour a fait son possible pour tenter de retrouver PicSat et de le réinitialiser. Pour cela, ils ont fait appel à tous les radioamateurs disponibles et même à la Nasa qui dispose d’un service de suivi des longueurs d’onde en ultra haute fréquence. Ils ont aussi tenté d’envoyer des commandes de réinitialisation, mais sans succès.

Pour les personnes impliquées dans le projet, c’est évidemment un coup dur. Mais il s’agit désormais de transformer cette mauvaise expérience en enseignement. « Si j’avais quelque chose à changer, ce serait de fabriquer deux PicSat dès le départ, ou même trois. Cela nous aurait permis de corriger une faille observée dans le premier et d’effectuer un deuxième lancement », a confié le chef de projet.

alpha_centauri

Visualisation d’Alpha Centauri.
CC ESO/L. Calçada

« C’est d’ailleurs ce qui est souvent fait aux États-Unis, pays qui est très en avance dans ce domaine et qui est passé par énormément d’échecs. C’est cette approche qui devrait être privilégiée plutôt que de complexifier les systèmes pour essayer d’avoir un risque zéro », a-t-il ajouté.  C’est d’ailleurs plus économique de faire ainsi plutôt que de mobiliser des ressources très coûteuses pour avoir un PicSat impeccable.

Maintenant, que va-t-il se passer pour Sylvestre Lacour et ses collègues ? L’abattement passé, c’est désormais en direction d’Alpha Centauri que l’équipe envisage de se tourner car ce système à trois étoiles est susceptible de cacher des exoplanètes. Car si la fenêtre d’observation pour Beta Pictoris b est passée, il y a d’autres opportunités. Et l’expérience mobilisée par PicSat permettra de construire un engin plus vite.

C’est en forgeant que l’on devient forgeron.

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