Dans l’entreprenariat, dans les formations high-tech ou dans la cybersécurité, plusieurs études se sont déjà attachées à révéler un phénomène social qui n’épargne pas les sphères technologiques et scientifiques : une moindre représentation des femmes.
Ce fossé des genres (« gender gap », pour les anglophones) pourrait mettre des siècles à se combler. Une étude publiée le 19 avril 2018 dans la revue PLOS Biology s’interroge sur le temps qui sera nécessaire pour que les femmes puissent bénéficier d’une représentation plus paritaire dans la science, la technologie, l’ingénierie, les mathématiques et la médecine.
Encore 3 siècles de patience
Si vous exercez dans l’un de ces domaines, vous ne connaîtrez pas ce moment historique : en effet, la parité n’y sera effective que dans 280 ans, selon les auteurs du texte. Luke Holman, Devi Stuart-Fox et Cindy E. Hauser, de l’Université de Melbourne, donnent ainsi à l’humanité presque trois siècles pour atteindre cet objectif.
« Dans la plupart des domaines de la science, de la médecine et de la recherche technologique, les hommes représentent plus de la moitié de la main-d’œuvre, surtout dans les hauts niveaux hiérarchiques. La plupart des études précédentes ont conclu que le fossé des genres était plus mince aujourd’hui qu’autrefois, donnant l’impression qu’il y aura bientôt un nombre égal de chercheurs et chercheuses et que les initiatives actuelles pour recruter et retenir davantage de femmes fonctionnent correctement », résument les auteurs de l’étude.
Afin d’établir une prédiction, les trois universitaires ont utilisé une méthode d’analyse quantitative, sur une base de 10 millions d’articles scientifiques, publiés dans 5 000 revues depuis 2002.
Combien de temps pour une égalité entre autrices et auteurs d’articles scientifiques ?
En observant le nombre d’auteurs féminins et masculins, ils ont considéré qu’il était possible d’estimer précisément le temps nécessaire pour que les écarts se referment, et que la parité soit atteinte.
« Nous en concluons que de nombreuses spécialités de recherche (par exemple, la chirurgie, l’informatique, la physique et les mathématiques) n’atteindront pas la parité au cours de ce siècle, compte tenu les taux actuels d’augmentation du nombre d’autrices », poursuivent les chercheurs.
Le sexisme au sein même des revues scientifiques
L’écart qu’ils observent est par ailleurs variable selon les pays : ainsi, les femmes sont particulièrement peu présentes dans les publications du Japon, de l’Allemagne ou de la Suisse.
Luke Holman, Devi Stuart-Fox et Cindy E. Hauser expliquent ce phénomène par les « préjugés sexistes des éditeurs de revues », qui invitent moins souvent des femmes à publier des articles. L’ancienneté joue également un rôle dans ces publications.
Les trois auteurs en concluent qu’il y a « besoin de davantage de réformes pour combler le fossé des genres » dans les domaines scientifiques, où de nombreuses femmes ont déjà ont l’occasion de faire la preuve de leurs compétences.
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