La Station spatiale internationale (ISS), qui est en orbite autour de la Terre depuis 1998, d’abord sous forme embryonnaire avant de devenir une structure de grande ampleur, sera-t-elle bientôt cédée au secteur privé ? L’idée n’est pas nouvelle : depuis 2015, plusieurs cadres de l’Agence spatiale américaine (Nasa) se relaient pour répéter qu’il est temps de passer la main afin de se concentrer sur autre chose.
Même l’emblématique astronaute américain Buzz Aldrin considère qu’il est temps de tourner cette page afin de pouvoir se concentrer sur des missions de la plus haute importance, et symboliquement très fortes, en envoyant des équipages sur la Lune et Mars. Mais ces projets nécessitent d’importants moyens et une mobilisation quasi-générale de l’Agence.
Un consortium d’entreprises ?
Le nouvel administrateur de la Nasa, Jim Bridenstine, est manifestement d’accord avec la nécessité de confier l’ISS, ou au moins la partie américaine, au privé. « Nous sommes maintenant dans une position où il y a des gens qui peuvent s’occuper de la gestion commerciale de l’ISS. J’ai parlé à de nombreuses grandes entreprises qui sont tentées de s’impliquer dans ce projet par le biais d’un consortium ».
Au cours de son échange avec le Washington Post, Jim Bridenstine n’a pas dit quelles entreprises avaient pu discuter avec lui de cette perspective, mais il ne serait pas surprenant d’apprendre que des échanges sont eu lieu avec Boeing, SpaceX, Lockheed Martin, Blue Origin ou Northrop Grumman, pour ne citer que des groupes américains. Il n’est en effet pas précisé si un tel consortium serait ouvert à des groupes non-américains.
La difficulté d’un tel projet réside dans l’organisation juridique encadrant la gestion de l’ISS. Si les États-Unis ont effectivement le rôle leader dans la Station spatiale, quatorze autres États sont impliqués, dont onze nations européennes : l’Allemagne, la Belgique, le Canada, le Danemark, l’Espagne, la France, l’Italie, le Japon, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Russie, la Suède et la Suisse.
En Europe, 11 nations sont impliquées juridiquement dans la gestion de l’ISS
Selon le Washington Post, la Nasa consacre 3 à 4 milliards de dollars à l’ISS. S’il n’est pas dit que le consortium privé ait l’obligation de contribuer à un montant équivalent (le coût pourrait être plus faible si les ambitions sont revues à la baisse, par exemple en diminuant le nombre d’expériences scientifiques), il est clair qu’il s’agira d’une charge très lourde qui nécessitera un regroupement d’entreprises.
En début d’année, la Nasa évoquait son intention d’arrêter de contribuer à l’ISS d’ici 2025. Sauf coup de théâtre, l’Agence spatiale américaine est encore dans le projet à court et moyen terme. L’échéance est donc encore très lointaine. Tant mieux : cela laissera du temps pour finaliser un éventuel modèle économique pour le privé, préparer en douceur la transition et surtout se mettre d’accord avec les autres pays.
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