La Commission européenne a présenté mercredi 6 juin son tout premier programme pour une Europe numérique. Parmi les grands chantiers sur lesquels Bruxelles veut investir figurent les supercalculateurs, des machines qui sont dotées de milliers voire de millions de processeurs pour effectuer des opérations d’une extrême complexité en des temps relativement brefs, grâce à leur énorme puissance de calcul.
D’ici 2020, à travers le projet High Performance Computing (EuroHPC), qui consiste à mutualiser les moyens des États membres (16 nations sont aujourd’hui impliquées, dont la France) pour construire et partager des superordinateurs de classe mondiale, il est d’ores et déjà prévu d’investir un milliard d’euros. Et après ? Après, l’Europe propose de fournir 2,7 milliards d’euros jusqu’en 2027.
Avec cette somme, il s’agit de « déployer une infrastructure de supercalculateurs et de traitement des données de rang mondial dotée de capacités de calcul exaflopique d’ici à l’exercice financier 2022-2023 (un milliard de milliards (ou 1018) de calculs par seconde), ainsi que d’installations de calcul post-exaflopique d’ici à l’exercice financier 2026-2027 », explique la Commission.
Enjeu de souveraineté
L’exécutif européen insiste sur la nécessité de cet investissement pour rester dans la course face aux autres superpuissances numériques, à commencer par les États-Unis et la Chine, et surtout ne pas dépendre d’elles pour des enjeux stratégiques pouvant avoir des débouchés commerciaux certains : cybersécurité, véhicules connectés et autonomes, santé, sources d’énergie renouvelables…
Selon le classement du Top 500 des supercalculateurs les plus performants au monde, qui est actualisé deux fois par an et qui constitue un bon indicateur sur les efforts des nations dans le calcul haute performance, on comptait en novembre 202 machines chinoises et 143 calculateurs américains, tandis que l’Europe ne dispose que de 84 superordinateurs — et le Japon, 35.
Pris individuellement, les pays de l’Union européenne ne peuvent guère rivaliser avec la Chine et les USA, en tout cas quantitativement. Qualitativement, il arrive parfois que les installations d’un État membre parvienne à se hisser, pour un temps, dans le haut du classement. La stratégie européenne vise à contrebalancer cette situation, en donnant à l’Europe « les moyens de progresser dans de nombreux domaines » et d’avoir « ses propres ressources en technologies indépendantes et concurrentielles ».
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