L’art n’hésite pas à questionner les avancées technologiques, mais la technologie peut aussi se mettre au service de l’art. Des scientifiques en ont récemment fait l’expérience, en cherchant à restaurer d’anciennes photographies endommagées vieilles de 150 ans. Ils y sont parvenus en utilisant un accélérateur de particules.
Cet instrument, qui se sert des champs électriques ou magnétiques pour donner de l’énergie aux particules, a ici servi à identifier la composition chimique des photographies à restaurer. Le 22 juin 2018, l’équipe de chercheurs a présenté son travail dans la revue Scientific Reports, en expliquant comment un accélérateur synchrotron a permis de produire des rayons X suffisamment puissants pour scanner les images.
Du mercure chauffé
Les photographies concernées ont été prises avec le procédé du daguerréotype, consistant à produire l’image sans négatif, sur une surface d’argent pur. Mis au point en 1835, le procédé nécessitait de traiter cette plaque avec du mercure chauffé (formant alors de la vapeur) et de l’or, afin de développer la photographie. Comme le fait observer Science News, ce sont ces particules d’argent, de mercure et d’or qui produisaient les différentes teintes à l’intérieur du cliché.
La chimiste Madalena Kozachuk, membre du département de chimie de l’Université de Western Ontario (London, Canada), et son équipe sont ainsi parvenues à établir comment le mercure s’était déposé sur les plaques photographiques. Cette découverte a servi à recréer une copie numérique des images dissimulées : les photographies obscurcies cachaient en fait les portraits d’une femme et d’un homme.
« L’application de techniques non invasives pour analyser des objets culturels importants est de plus en plus fréquente. Les méthodes de rayons X, en particulier, contribuent largement aux recherches artistiques et archéologiques », notent les scientifiques en introduction de leurs travaux.
Une technique non invasive prometteuse
En cartographiant la distribution du mercure grâce à un accélérateur de particules, les scientifiques n’ont en effet pas pris le risque d’abîmer ou de détruire les œuvres originales, datées du dix-neuvième siècle. Les accélérateurs à particules de type synchrotron n’avaient jamais été utilisés pour cet usage auparavant.
« Quand l’image est devenue apparente, elle était à couper le souffle, a confié Madalena Zozachuk. J’ai crié lorsque le premier visage est apparu. » La chimiste et son équipe espèrent désormais que leurs recherches permettront aux musées de révéler les visages qui se cachent derrière de nombreux autres daguerréotypes endommagés.
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