Des astrophysiciens ont écarté toutes les hypothèses possibles avant de conclure qu’il y avait de l’eau sur Mars. Leur étude, publiée le 25 juillet 2018, assure que de l’eau liquide se cache sous un glacier situé au niveau du pôle sud de la planète.

« L’hypothèse de la présence d’eau liquide à la base des calottes polaires martiennes a été formulée pour la première fois il y a plus de trente ans, et fait depuis l’objet de débats sans conclusion » : ainsi commence l’étude qui vient d’affirmer que, oui, l’eau est bien présente sur Mars. Le 25 juillet 2018, une vingtaine d’astrophysiciens italiens ont publié dans la revue Science leurs travaux, affirmant qu’il y a bien de l’eau liquide sur la planète rouge.

Le groupe de scientifiques estime avoir décelé des preuves suffisamment convaincantes de la présence d’un aquifère, c’est à dire une roche dont la porosité lui permet d’accueillir de l’eau. Si cette eau n’a pas été observée directement, ces chercheurs sont convaincus d’avoir fait une découverte qui permettrait de savoir si la vie (passée, présente ou future) est possible sur Mars.

Les autres hypothèses écartées

L’étude s’appuie sur les données récoltées par la sonde Mars Express, envoyée par l’Agence spatiale européenne en juin 2003 pour étudier la surface, l’atmosphère et le sous-sol de la planète. Sur cette sonde, l’instrument radar MARSIS a repéré un élément, d’une largeur de presque 20 kilomètres.

La structure de cette étendue correspondrait à celle de l’eau que nous pouvons trouver enfouie sous la Terre. Les chercheurs ont assuré à The Verge qu’ils avaient écarté toutes les autres possibilités, et en concluent qu’un lac se cache sous ce glacier. « Je suis à cours d’idées pour expliquer cela d’une autre manière qui ne serait pas l’eau », assure Roberto Orosei, chercheur à l’Institut national d’astrophysique, et à la tête de l’équipe qui a fait cette découverte.

« Je suis à cours d’idées pour expliquer cela d’une autre manière qui ne serait pas l’eau » — Roberto Orosei

« L’analyse quantitative des signaux radar montre que cet élément lumineux possède une permittivité relative diélectrique élevée (> 15), correspondant à celle des matériaux contenant de l’eau. Nous interprétons cette caractéristique comme un corps stable d’eau liquide sur Mars », écrivent les chercheurs dans le résumé de leur étude.

Cette découverte est sans doute cruciale pour le débat qui occupe les scientifiques depuis des décennies, afin de trancher la question d’une vie possible sur la planète rouge. En effet, la présence de ce lac ouvre la probabilité d’y trouver des bactéries, comme celles que l’on peut observer sur Terre dans des endroits similaires. En Antarctique et au Groenland, des bactéries ont été trouvées dans l’eau qui se trouve sous des glaciers.

Peut-on se fier aux seules mesures radar ?

« À peu près partout où il y a de l’eau liquide sur Terre, vous trouverez quelque chose qui s’est débrouillé pour y survivre », assure Tanya Harrison, astronome et directrice de la recherche chez ASU NewSpace. Autrement dit, ce réservoir souterrain d’eau pourrait être l’endroit idéal pour rechercher si des bactéries pourraient survivre sur Mars.

L’étude ne devrait cependant pas mettre fin aux débats qui enflamment les scientifiques : les astrophysiciens italiens ne se fondent que sur des mesures radar, et non sur des données recueillies par des instruments qui auraient été envoyés directement sur Mars.

Malgré tout, la présence très probable de ce lac souterrain dans le pôle sud de la planète donne du crédit à une autre hypothèse : il y a peut-être d’autres étendues d’eau liquide sur cet astre, où l’humanité n’a de cesse de rechercher la vie.

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