L’endométriose touche une femme sur 10 en âge de procréer, selon EndoFrance (l’association française de lutte contre l’endométriose). Cette maladie, qui concerne potentiellement toutes les personnes réglées, est souvent diagnostiquée tardivement — l’association parle d’un délais moyen de cinq années –. Pourtant, aucun traitement dédié à cette maladie n’est pour l’instant proposé aux personnes qui en souffrent.
Cette situation est-elle sur le point d’évoluer ? Le 27 juillet 2018, nos confrères de New Scientist ont rapporté que la Food and Drug Administration, l’organisme américain chargé de l’approbation des aliments et médicaments, a donné son accord pour une nouvelle pilule destinée à traiter les douleurs engendrées par l’endométriose. Le début de la reconnaissance ?
Des traitements insatisfaisants
Cette annonce semble prometteuse pour toutes les personnes concernées par cette maladie inflammatoire chronique, pourtant très peu reconnue. Actuellement, les méthodes utilisées pour tenter d’endiguer les douleurs liées à l’endométriose sont des analgésiques, des traitements hormonaux à injecter ou des moyens de contraception.
Or, la douleur de nombreux patientes ou patients — toutes les personnes réglées ne s’identifient pas forcément au genre féminin — n’est pas nécessairement apaisée par ces méthodes. Certaines personnes peuvent même avoir des effets secondaires, comme une prise de poids, des sautes d’humeur, ou des conséquence sur la densité de leurs os.
Le nouveau médicament approuvé par la Food and Drug Administration est baptisé Elagolix (et commercialisé son le nom Orilissa), et contrairement aux méthodes précédemment citées, il pourrait être pris plus longtemps, a montré un essai clinique présenté dans une publication de The New England Journal of Medicine le 6 juillet dernier.
Un traitement oral qui réduit les douleurs menstruelles
Des chercheurs y expliquent que l’Elagolix est un traitement oral, et plus exactement une « hormone de libération des gonadotrophines hypophysaires », aussi abrégée en GnRH. Lors de cet essai clinique, plus de 40 % des patientes ont constaté que les douleurs menstruelles liées à l’endométriose ont été réduites par la prise du médicament. Dans 50 % des cas, la douleur pelvienne des patientes étaient également diminuée, en prenant une pilule par jour. Le médicament a aussi permis de réduire des douleurs ressenties lors des rapports sexuels.
Qu’est-ce que l’endométriose ?
Pour comprendre comment fonctionne ce médicament, il est nécessaire de rappeler ce qu’est exactement l’endométriose. Pour les personnes qui en sont atteintes, elle peut se manifester par des douleurs très vives lors des menstruations. Le nom de cette maladie est lié au fait qu’elle concerne l’endomètre, le tissu qui tapisse l’utérus dans l’appareil génital féminin.
Au cours du cycle menstruel, cet endomètre s’épaissit sous l’effet des hormones (les oestrogènes) afin de préparer le corps à une éventuelle grossesse. S’il n’y a pas de fécondation, ce tissu se désagrège et quitte l’utérus par le vagin : ce phénomène naturel est celui des règles.
Lorsqu’une personne souffre d’endométriose, les cellules migrent en direction des trompes de Fallope, entrainant le développement d’un tissu « semblable au tissu endométrite » en dehors de l’utérus, comme l’explique EndoFrance. Ce phénomène peut alors provoquer « des lésions, des adhérences et des kystes ovariens (endométriomes) dans les organes colonisés ».
Des cellules migrent vers les trompes de Fallope
Autrement dit, les conséquences de l’endométriose ne concernent pas que les organes génitaux et le péritoine, mais aussi l’appareil digestif, urinaire voire pulmonaire. Il semble ainsi plus juste d’accorder endométrioses au pluriel, car la maladie se développe différemment selon les personnes.
Comme le souligne EndoFrance sur son site, de nombreuses théories portent sur les causes de cette maladie : les plus plausibles partent du principe que la maladie est liée à un acte chirurgical (une césarienne, une épisiotomie) ou qu’elle est expliquée par des facteurs hormonaux.
Un traitement onéreux et avec effets secondaires
Cette explication permet de comprendre le fonctionnement du médicament : sa principale action est de réduire les œstrogènes. Cependant, comme le précise New Scientist, l’Elagolix les fait diminuer très légèrement : le médicament peut donc être pris pendant deux années. À titre de comparaison, les traitements hormonaux à injecter ne peuvent être pris que pendant six mois, car ils réduisent fortement les œstrogènes, en plus d’avoir l’impact déjà mentionné sur la densité des os.
Néanmoins, l’Elagolix entraîne des effets secondaires. Pris quotidiennement, il risque d’entraîner des maux de tête (chez 20 % des patientes de l’essai clinique) ou des nausées (10 %), mais aussi des fragilisations osseuses. Il peut aussi altérer l’humeur des patientes et n’est pas conseillé aux femmes enceintes.
Un traitement onéreux
Le traitement, commercialisé par AbbVie sous le nom d’Orilissa, est également très onéreux : il coûte 845 $ (soit 720 €) par mois. Ceci pousse le docteur Elizabeth Farrell, gynécologue au sein du Jean Hailes for Women’s Health (une organisation australienne à but non lucratif), à déclarer à nos confrères de New Scientist que ce médicament ne devrait pas être utilisé comme première solution en cas d’endométriose.
De son côté, AbbVie a l’intention de demander des autorisations en Australie et au Royaume-Uni pour mettre en vente ce médicament, désormais accepté aux États-Unis. L’accord donné par la Food and Drug Administration souligne une avancée dans la recherche autour de l’endométriose et des menstruations, qui suscitent un intérêt croissant dans les domaines de la médecine et des technologies.
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