En septembre 2015, Elon Musk proposait d’envoyer une bombe nucléaire sur Mars : l’entrepreneur y voyait la « méthode la plus rapide » pour rendre la planète rouge habitable, considérant que la bombe ferait fondre les pôles de l’astre et apparaître l’eau indispensable à la vie. Mais cette technique permettrait-elle vraiment de former une atmosphère viable autour de la planète ?
Deux chercheurs viennent de se pencher sur la question, et leur conclusion risque fort de décevoir le PDG de SpaceX. Le 30 juillet 2018, les scientifiques Bruce M. Jakosky et Christopher S. Edwards ont publié dans la revue Nature Astronomy leur « Inventaire du CO2 nécessaire pour la terraformation de Mars » — pour rendre Mars habitable en y reproduisant les conditions de la vie sur Terre.
Mars ne peut pas devenir une Terre bis (en l’état actuel)
« Nous voulons répondre à la question de savoir s’il est possible d’utiliser les gaz présents à l’heure actuelle sur Mars dans des réservoirs non atmosphériques en les mettant dans l’atmosphère, et d’augmenter la pression et la température afin que des plantes ou des humains puissent survivre à la surface », annoncent les deux experts.
Une atmosphère trop fine, pas assez de CO2
Deux questions principales sont posées dans leurs travaux. La première est de savoir si nous pourrions mettre suffisamment de gaz dans l’atmosphère de Mars pour créer une pression atmosphérique — elle permettrait aux habitants potentiels de se promener sur la planète sans combinaison. Les scientifiques s’appuient ici sur les données récoltées par les sondes MAVEN (Mars Atmosphère and Volatile Evolution) et Mars Express, qui ont permis de comprendre comment la planète rouge a perdu son atmosphère à cause du Soleil.
Or, l’atmosphère de Mars n’est pas assez épaisse : elle ne pourrait générer que 0,6 % de la pression de l’atmosphère terrestre, relève Ars Technica. Ceci ne permettait pas de chauffer suffisamment Mars pour assurer sa terraformation.
L’effet de serre ne serait pas suffisant pour placer le gaz dans l’atmosphère
Leur étude tient également compte des observations des sondes Mars Reconnaissance Orbiter et Mars Odyssey, sur des minéraux constitués de carbone et la présence de CO2 dans les glaces polaires de la planète. En effet, la deuxième question qu’ils se posent dans cette étude est de savoir si nous pourrions réchauffer suffisamment la planète pour que l’eau liquide survive à la surface de Mars.
Conclusion ? « Il n’y a pas assez de CO2 restant sur Mars pour provoquer un effet de serre important où le gaz serait placé dans l’atmosphère ; de plus, la majeure partie du CO2 contenu dans ces réservoirs n’est pas accessible et ne peut donc pas être facilement mobilisée », assurent les scientifiques.
Ils considèrent dès lors que « la terraformation de Mars n’est pas possible en utilisant la technologie actuelle » : leur réalisme semble ainsi s’opposer frontalement aux espoirs qu’avait exprimé Elon Musk. Néanmoins, cette conclusion ne freinera sans doute pas son intention de conquérir la planète rouge : SpaceX compte y envoyer sa première fusée d’ici dix ans.
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