« Il sera bientôt trop tard », alertaient déjà des scientifiques il y a quelques mois. Le 6 août 2018, un nouveau groupe de chercheurs internationaux a décidé de tirer la sonnette d’alarme : le réchauffement climatique, responsable de la hausse des températures, risque de transformer la Terre en « étuve ».
Publié dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, ce travail alerte sur un projection préoccupante : même si l’objectif de l’accord de Paris sur le climat — contenir le réchauffement climatique à moins de 2 ° C, par rapport à l’ère préindustrielle — est respecté, la planète bleue pourrait franchir un point de rupture qui la ferait basculer dans un scénario irréversible.
Un seuil de non retour
Menée par des scientifiques issus de l’Université de Copenhagen de l’Université nationale australienne et de l’Institut de recherche de Potsdam, cette étude présente une dizaine de facteurs qui seraient susceptibles de créer une réaction en chaîne, en trois étapes. Pour cela, ils utilisent le concept d’ « Anthropocène », c’est-à-dire la période historique à partir de laquelle les activités humaines ont commencé à avoir un impact sur la Terre.
Se demandant s’il existe « un seuil planétaire dans la trajectoire de notre système terrestre » au-delà duquel les efforts de l’humanité pour stabiliser la température ambiante seraient vains, les chercheurs isolent plusieurs éléments qui pourraient devenir néfastes à l’avenir. Selon eux, ils risquent même de rejeter encore plus de CO2 et de méthane dans l’atmosphère que ne le font les activités humaines, comme le soulignent nos confrères du Figaro.
L’affaiblissement des puits de carbone — c’est à dire la raréfaction des forêts et la saturation des océans, qui absorbent le dioxyde de carbone — et l’augmentation des températures entre 1 et 3 ° C risquent de menacer directement la calotte glaciaire qui se trouve en Antarctique et au Groenland. Comme le montre également ce schéma, la Grande barrière de corail serait aussi en danger — contrairement aux affirmations de l’Unesco l’année dernière.
Un processus « qui s’auto-entretient »
L’étude précise qu’à chaque nouveau seuil critique atteint, « le processus de réactions s’auto-entretient », d’où l’inquiétude suscitée par la perspective que nous franchissions le point de non retour.
Les chercheurs notent également que le dégel du permafrost (les sols gelés en Sibérie ou au Canada), risque de relâcher le méthane et le CO2 qui s’y trouvent. La libération de ces gaz, entraînée par le dégel, contribuerait à l’accélération du réchauffement climatique car ces sols renferment l’équivalent de 15 années d’émissions humaines. À partir d’un seuil de température de 3 ° C, la pérennité de la forêt amazonienne sera également compromise : 40 % de ses arbres pourraient être détruits.
La fonte des glaces ferait aussi augmenter le niveau de la mer, surélevé de 13 mètres si l’Antarctique ouest et le Groenland fondaient, et de 12 mètres supplémentaires avec la fonte de l’Antarctique. Un tel événement aurait des conséquences directes pour toutes les villes se trouvant moins de 10 mètres au-dessus du niveau de la mer.
De l’importance de la banquise
La rareté de la banquise accélérerait aussi le réchauffement climatique, car sa surface renvoie actuellement 80 % des rayonnements du Soleil. L’océan qui prendrait la place de cette glace absorberait au contraire les radiations, encourageant le réchauffement climatique.
Les chercheurs ne doutent pas que les impacts de ces événements seraient « massifs, brutaux et perturbateurs » pour les êtres humains. « Pour éviter d’atteindre ce seuil, il faudrait créer une voie alternative stabilisée pour la Terre, qui ne pourrait exister et être maintenue que par un effort coordonné et délibéré des sociétés humaines, dans le but de gérer notre relation avec le reste du système terrestre », alerte le groupe de chercheurs internationaux en conclusion. L’effet domino, où chaque événement serait susceptible d’enclencher un nouveau mécanisme, risque de changer radicalement le fonctionnement du système terrestre.
Les auteurs enjoignent les êtres humains à reconnaître leur part active dans l’évolution de ce système. « L’humanité est désormais confrontée à un besoin criant de prendre des décisions et d’agir, d’une manière qui pourrait influencer notre avenir pendant des siècles, voire des millénaires », assurent-ils.
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