L’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) est un institut américain de statistique sur la santé publique connu pour ses études à l’échelle mondiale. Il vient de publier les conclusions de ses recherches sur les effets de l’alcool ce 23 août 2018 dans la revue scientifique britannique The Lancet.
Cette étude, menée dans 195 pays de 1990 à 2016, démontre qu’il n’y aurait aucun degré sain de consommation d’alcool.
Un tiers de la population mondiale boit
« La consommation d’alcool est l’un des principaux facteurs de mort prématurée et d’incapacité, mais son association générale avec la santé reste complexe étant donné les possibles effets protecteurs d’un consommation modérée sous certaines conditions », avance prudemment l’étude. Basée sur 195 pays de 1990 à 2016, pour les deux genres et des groupes d’âge compris entre 15 et 95 ans, c’est la plus grande étude menée sur les risques liés à la consommation d’alcool parue à ce jour.
En 2016, près de 2,8 millions de morts pouvaient être attribués à la consommation d’alcool. D’après Emmanuela Gakidou, chercheuse principale sur l’étude, les risques associés à l’alcool sont massifs. Leurs résultats seraient cohérents avec d’autres recherches récentes mettant en corrélation l’alcool et le risque de décès prématuré, de cancer et de problèmes cardiovasculaires. Finalement, la consommation zéro d’alcool minimise ces risques.
En 2016, 32,5 % de la population mondiale consomme de l’alcool. À l’intérieur de ce pourcentage, on retrouvera 25 % de femmes et 39 % d’hommes. Cela équivaut à 2,4 milliards de personnes, soit une personne sur trois dans le monde. La France fait partie des pays buvant le plus, les deux genres confondus : elle occupe la 6e place pour les hommes et la 8e place pour les femmes. Le Danemark occupe la première place tandis que le Bangladesh et le Pakistan sont les deux pays buvant le moins au monde.
Tous les groupes d’âge touchés
Les graphiques montrent que, parmi la population de plus de 50 ans (hommes et femmes), cette consommation d’alcool a considérablement augmenté le risque de cancer et le risque d’accident vasculaire cérébral. En ce qui concerne plus spécifiquement les femmes, le risque de cancer du sein montre également une augmentation liée à la consommation d’alcool. De manière globale, pour les populations de plus de 50 ans, les cancers liés à l’alcool comptaient pour 27,1 % pour les femmes et 18,9 % pour les hommes en 2016.
La consommation d’alcool reste l’un des principaux risques de décès prématuré et d’incapacité pour la population âgée de 15 à 49 ans, 3,8 % pour les femmes et 12,2 % pour les hommes. Bien sûr, plus la consommation est élevée, plus ce risque augmente.
Avec ces études statistiques, les chercheurs concluent qu’il n’existe aucun niveau de consommation d’alcool qui minimiserait les risques pour la santé. Quant aux supposés effets protecteurs et bénéfiques d’une basse consommation d’alcool (vin, bière), ils sont largement dépassés par les effets négatifs. L’étude suggère, au contraire, que les autorités publiques devraient communiquer sur les bienfaits d’une absence de consommation.
En France, la publicité en faveur de l’alcool est strictement réglementée par le Code de la santé publique. Il y a une limitation des supports, une réglementation sur le contenu du message et des horaires de diffusion. La jurisprudence française rappelle en outre qu’il ne doit pas être donné d’image valorisante de l’alcool dans la publicité.
« Étant donné le plaisir associé à la consommation modérée, dire qu’il n’existe aucun degré sain de consommation ne semble pas être un argument d’abstention. Il n’y a pas de degré de sécurité dans la conduite, mais le gouvernement ne demande pas aux gens d’éviter de conduire », a déclaré David Spiegelhalter, professeur à l’université de Cambridge, pour The Guardian. Certes.
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