Le tourisme spatial reprend des couleurs. Outre les projets de SpaceX, Blue Origin et Virgin Galactic avec différents vaisseaux de leur cru, les voyages touristiques jusqu’à la Station spatiale internationale (ISS) reprennent. Deux Russes sont d’ailleurs à bord pour un film.

SpaceX, Blue Origin, Virgin Galactic : le tourisme spatial a le vent en poupe. On l’a vu avec la mission Inspiration4 (quatre particuliers à bord d’une capsule Crew Dragon pendant trois jours), mais aussi les vols à plus ou moins haute altitude effectués ici par la fusée New Shepard (avec Jeff Bezos), là par le vaisseau VSS Unity (qui accueillait Richard Branson).

D’autres vols touristiques sont encore prévus d’ici la fin de l’année, mais aussi en 2022 et 2023. Quelques missions promettent d’ailleurs d’être très spectaculaires. On pense tout particulièrement à l’association inattendue entre SpaceX et un milliardaire japonais dans le but de faire un petit tour de la Lune avant de revenir, un peu comme les premières missions Apollo qui faisaient le tour de l’astre.

Expédition 66 Ioulia Peresild Anton Shkaplerov Klim Shipenko

Ioulia Peresild, Anton Shkaplerov et Klim Shipenko. Une touriste, un professionnel et un touriste. // Source : Nasa Johnson

D’ici là, les séjours touristiques se poursuivront. Ils ont aussi repris pour la Station spatiale internationale. Cela faisait en effet plus de dix ans que la superstructure en orbite autour de la Terre n’avait plus accueilli un individu n’étant pas spationaute de profession. Avec la mission Soyouz MS-19, arrivée le 5 octobre, l’ISS héberge actuellement une actrice russe et un cinéaste russe.

On compte neuf personnes dans le monde qui, en vingt ans, ont pu s’arracher à la gravité terrestre et franchir l’altitude symbolique de 100 kilomètres et rejoindre l’ISS, qui se trouve à environ 400 km de distance du niveau moyen de la mer (ne sont pas comptés dans cette liste celles et ceux qui, bien que touristes, ne sont pas allés dans l’ISS). Sept hommes et deux femmes venant (presque) des quatre coins du monde.

Dennis Tito

Dennis Tito est considéré comme le premier véritable touriste spatial. Cet Américain, né le 8 août 1940, a rejoint la Station spatiale internationale à l’âge de 60 ans, le 30 avril 2001. Il y reste pendant presque huit jours, et côtoie notamment la Française Claudie Haigneré, qui en était à son second voyage spatial (le premier a eu lieu entre 1996 et 1997 à bord de la station Mir).

Pour avoir le droit de monter à bord de l’ISS, Dennis Tito a d’abord dû sortir le carnet de chèques : on estime que l’intéressé a déboursé environ 20 millions de dollars pour rejoindre la mission Soyouz TM-32. Mais il a aussi fallu suivre un rude entraînement : plus de 900 heures de formation pour ne pas faire n’importe quoi à quelque 400 kilomètres d’altitude.

Dennis Tito

Dennis Tito, à gauche.

Source : Nasa

Mark Shuttleworth

S’il est connu des geeks pour être le fondateur et patron de Canonical, la société qui sponsorise le système d’exploitation libre Ubuntu, Mark Shuttleworth a aussi une réputation au sein des passionnés d’astronomie : en effet, l’homme aujourd’hui âgé de 45 ans a été le 27 avril 2002, à l’âge de 28 ans, le deuxième touriste de l’espace. Mais surtout, il a été le premier Sud-Africain à atteindre l’espace, tout court.

Lui aussi a dû se soumettre à un entraînement très rigoureux, étalé sur sept mois, pour être au niveau et lui aussi a dû largement ouvrir son porte-monnaie pour s’offrir le précieux ticket. Pendant les presque dix jours à bord de l’ISS, Mark Shuttleworth a participé à des expériences scientifiques relatives au virus du sida et au génome. Il est revenu sur Terre le 5 mai 2002.

Mark Shuttleworth

Mark Shuttleworth.

Source : Nasa

Gregory Olsen

Pour Gregory Olsen, un Américain né le 20 avril 1945, le vol spatial aurait pu ne jamais avoir lieu. En effet, comme il l’a raconté dans une interview deux ans après sa mission, une radiographie pulmonaire organisée en 2004 a identifié la présence d’une « petite tache sombre ». Qu’est-ce que c’était ? Nul ne le sait. Toujours est-il que même si cette marque a disparu, l’agence spatiale russe n’était plus très allante.

« Ils ont résisté pendant neuf mois », a-t-il dit alors. Finalement, Gregory Olsen a pu partir à bord de la mission Soyouz TMA-7 le 1er octobre 2005. Il restera lui aussi pendant presque dix jours dans la Station spatiale internationale, avant d’atterrir le 11 octobre de la même année. Son activité à bord a consisté à conduire des expériences en télédétection mais aussi en astronomie.

Gregory Olsen

Gregory Olsen.

Source : Nasa

Anousheh Ansari

Si elle n’était pas la première femme à être envoyée dans l’espace, Anousheh Ansari a néanmoins été la première touriste spatiale de l’histoire. Partie le 18 septembre 2006 avec la mission Soyouz TMA-9, elle est restée presque onze jours dans l’ISS. Autre particularité : elle est Irano-Américaine. Une controverse a d’ailleurs éclaté sur l’éventualité d’un écusson aux couleurs de l’Iran. Polémique qui s’est réglée.

Là encore, pas question de chômer : l’intéressée a participé à des travaux sur la physiologie (y compris sur elle-même), incluant les effets des radiations cosmiques, les mécanismes régissant le développement de l’atrophie musculaire chez les astronautes et la réaction de l’organisme à l’environnement spatial, afin d’optimiser les conditions de la permanence humaine dans l’espace.

Anousheh Ansari

Anousheh Ansari.

Source : Nasa

Charles Simonyi

Charles Simonyi n’est peut-être que le quatrième homme à gagner l’espace en tant que touriste, et la cinquième personne en tout, mais ce n’est pas très grave : l’intéressé, qui est d’origine hongroise, a pu se distinguer autrement en devenant le premier touriste spatial à faire deux voyages. De cette façon, il a pu établir un record de présence cumulé dans l’espace, qui n’a toujours pas été battu.

Celui-ci est en effet de 26 jours, 14 heures et 27 minutes. Son premier vol a décollé le 7 avril 2007, dans le cadre de la mission Soyouz TMA-10. Le second vol a eu lieu presque deux ans plus tard, avec la mission Soyouz TMA-14, qui a décollé le 26 mars 2009. Là encore, il a été mis à contribution pour quelques expériences scientifiques. À noter que dans sa carrière, il a travaillé de longues années pour Microsoft.

Charles Simonyi

Charles Simonyi, à gauche.

Source : Nasa

Richard Garriott

Premier Britannique à faire du tourisme spatial — il est plus exactement Anglo-Américain –, Richard Garriott embarque le 12 octobre 2008 dans le cadre de la mission Soyouz TMA-13, toujours pour la Station spatiale internationale. Il restera en orbite un peu moins de 12 jours. Sa notoriété s’est notamment forgée à travers la série de jeux vidéo à succès Ultima, dont il est à l’origine.

Le voyage, dont on dit qu’il aurait coûté environ 30 millions de dollars, a été l’occasion pour lui de mener diverses expériences scientifiques mais aussi éducatives. Il s’est notamment concentré sur l’observation de la Terre depuis le principal hublot de l’ISS, en prenant en photo des régions spécifiques. Comme d’autres avant lui, il a aussi fait un peu de radio amateur avec des personnes sur Terre.

Richard Garriott

Richard Garriott, à gauche.

Source : Nasa

Guy Laliberté

Il n’est sans doute pas l’astronaute canadien le plus connu — cette distinction revient sans doute à Chris Hadfield, qui a très bien joué le coup en reprenant la chanson Space Oddity de David Bowie — mais Guy Laliberté peut se targuer d’être le premier Canadien à accéder à l’espace en tant que touriste. Au cours de sa mission, il a voulu « sensibiliser l’humanité aux questions liées à l’eau sur la planète ».

« Je compte faire une différence en ce qui concerne cette ressource vitale en mettant à contribution mon meilleur atout : la créativité artistique. Il s’agira de la première mission sociale et poétique dans l’espace », expliquait-il. Cette approche n’est guère surprenante car il est par ailleurs le fondateur du Cirque du Soleil. Sa mission a débuté le 30 septembre 2009 et a duré presque 11 jours.

Guy Laliberté

Guy Laliberté, à gauche.

Source : Nasa

Ioulia Peressild

Cela faisait plus de dix ans que la Station spatiale internationale n’avait pas accueilli de touristes. Après cette longue interruption, la mission Soyouz MS-19 a renoué avec cette pratique. Depuis le 5 octobre, l’ISS accueille l’actrice russe Ioulia Peressild. L’intéressée restera dans l’espace vraisemblablement jusqu’au 17 octobre, date à laquelle elle doit rentrer sur Terre via la capsule Soyouz MS-18.

Ioulia Peressild est la première femme russe — et la deuxième femme tout court — à se rendre dans l’ISS en tant que touriste. Son séjour vise en fait à permettre au cinéaste russe Klim Shipenko de tourner plusieurs plans avec elle en prévision d’un film, The Challenge (Le Défi, en français), qui raconte l’histoire d’un cosmonaute en détresse dans son vaisseau spatial et qui reçoit le secours d’une chirurgienne.

Ioulia Peressild

Ioulia Peressild, en 2012 // Source : Kremlin

Klim Shipenko

Klim Shipenko est le premier homme russe à embarquer dans l’ISS comme touriste. Il est sur le même plan de vol que Ioulia Perressild, à savoir qu’il est arrivé le 5 octobre et qu’il doit repartir le 17 du même mois. Son rôle ? Filmer les péripéties de Ioulia Perressild, mais aussi les siennes. Car Klim Shipenko est cinéaste et acteur : il prépare d’ailleurs un film qui se passe dans l’espace : Le Défi (The Challenge).

Dans ce film, Ioulia interprète une chirurgienne dépêchée en urgence dans l’espace, tandis que Klim, lui, incarne un cosmonaute. Il est prévu que d’autres membres de l’ISS donnent un peu de leur temps. Il est évoqué Oleg Novitski, Anton Chkaplerov, Piotr Doubrov et aussi un Américain, Mark Vande Hei. Pour Klim Shipenko, c’est historique : ce sera le premier vrai film tourné en grande partie dans l’espace.

Klim Shipenko

Klim Shipenko, en août 2021. // Source : Nasa Johnson

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