C’était la phase la plus délicate de la mission franco-allemande : elle a été couronnée de succès. Dans la nuit du mardi 2 au mercredi 3 octobre, l’atterrisseur Mascot s’est posé sans encombre sur l’astéroïde Ryugu, qui se trouve à 325 millions de kilomètres de la Terre. Il a atterri au niveau de l’hémisphère sud, sur un site qui s’est avéré être le meilleur compromis possible entre des critères parfois opposés.
Au regard de la distance immense séparant l’astéroïde de la Terre, les équipes franco-allemandes responsables du projet ont connu plusieurs minutes d’incertitude (il faut en effet patienter dix-huit minutes pour réceptionner les données émises par Mascot, via la sonde spatiale japonaise Hayabusa 2, qui est en orbite autour de Ryugu et qui a eu pour mission de se rapprocher de l’astéroïde pour larguer Mascot).
Dans un communiqué de presse publié dans la matinée, le Centre national d’études spatiales (Cnes) a jugé que Mascot « a parfaitement réussi son atterrissage » malgré un contexte défavorable : si la structure de la surface a pu être analysée grâce aux photos de plus en plus nettes prises par la sonde, ce qui a permis de trouver la zone idéale, certaines inconnues ont demeuré, comme la température à la surface.
En outre, il a fallu composer avec un terrain très accidenté et rocailleux, mais aussi avec un champ gravitationnel hétérogène sur Ryugu, qui est en outre très faible (100 000 fois plus faible que celui de la Terre). Il s’agissait d’une donnée capitale, car cette faible gravité allait provoquer des rebonds de Mascot, avant sa stabilisation. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit à quelques reprises, indique le Cnes.
Pas de temps à perdre
La descente elle-même s’est déroulée à une vitesse estimée de 15 centimètres par seconde et il a fallu une vingtaine minutes de chute libre à Mascot avant d’atteindre la surface. Cela a nécessité des manœuvres délicates, en particulier faire descendre Hayabusa 2 à une altitude d’à peine 60 mètres, alors que son orbite standard est à 20 kilomètres autour de l’astéroïde.
Si la nuit a certainement dû être éprouvante pour les équipes franco-allemandes, mais aussi pour leurs homologues au Japon, il n’y a guère le temps de souffler : la mission est une véritable course contre la montre, car Mascot ne dispose pas de panneaux solaires pour faire le plein d’énergie. Le système repose sur des batteries qui ne peuvent marcher que quelques heures seulement (12 à 15 heures).
Il faut donc ne pas perdre de temps et effectuer un maximum d’analyse avec les quatre instruments à bord :
- MicrOmega est un microscope infrarouge hyperspectral pour l’analyse minéralogique in situ du sol ;
- CAM est une caméra multispectrale à champ large destinée à donner un contexte géologique aux sites visités ;
- MAG est un magnétomètre ;
- MARA est un radiomètre mesurant la température de surface et déterminer l’inertie thermique de l’astéroïde.
Il est à noter que l’emplacement de Mascot sur Ryugu n’est pas définitif : du fait de la très faible gravité, il est possible de le déplacer par des petits sauts. Lorsque Mascot tirera sa révérence, il s’écoulera plusieurs mois au cours desquels les astronomes étudieront en détail les relevés effectués par l’atterrisseur. Selon le Cnes, les instruments paraissent fonctionnels.
Avec cette mission, l’ambition du Cnes et de son homologue allemand est d’éclairer les conditions de formation du système solaire, de mieux comprendre sa formation, mais aussi de comprendre l’apparition de l’eau et de la vie sur Terre. Les réponses à ces questions, ou du moins une partie d’entre elles, se trouvent dans l’analyse des astéroïdes se trouvant dans l’espace proche.
Pour mémoire, la mission Hayabusa 2 a démarré le 3 décembre 2014 avec le lancement d’une fusée H-IIA depuis la base de Tanegashima, au Japon. Il aura fallu trois ans et demi de voyage spatial et la traversée de 3,2 milliards de kilomètres pour que l’engin atteigne l’astéroïde. Il est à noter que le Japon conduit une mission parallèle et qui pour l’instant se déroule comme prévu.
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