On pensait avoir enfin identifié la nature de l’étrange objet interstellaire Oumuamua : en juin 2018, des astronomes affirmaient qu’il ne s’agissait pas d’un astéroïde, mais d’une comète. Cette certitude est aujourd’hui mise à mal : le 21 septembre 2018, le professeur Roman Rafikov spécialiste d’astrophysique au sein de l’université de Cambridge (Angleterre) a publié sur arXiv.org sa propre analyse sur le sujet.
Le spécialiste, membre du département de mathématiques appliquées et de physique théorique de l’université, a rédigé un premier brouillon dans lequel il note qu’en « l’absence de signes directs de dégazage », il estime que « la classification d’Oumuamua en tant que comète (invoquée pour expliquer sa prétendue accélération irrégulière) est discutable. »
Comète, puis astéroïde, puis comète…
Immortalisé par le télescope PanSTARRS 1 (Panoramic Survey Telescope and Rapid Response System) en octobre 2017, l’objet a été identifié dans un premier temps comme une comète par l’Union astronomique internationale. En novembre, il a été classé comme un astéroïde par l’Observatoire européen austral.
Les derniers astronomes, convaincus qu’il s’agissait d’une comète, ont fait reposer leur raisonnement sur l’accélération d’Oumuamua, postulant que l’objet interstellaire pouvait effectuer ce mouvement justement parce qu’il avait des dégagements gazeux, que l’on observe chez les comètes. « Les accélérations irrégulières […] sont connues pour affecter les orbites de nombreuses comètes du système solaire », note aussi Roman Rafikov en introduction de son analyse.
Aucun signe direct de dégazage
Pour Roman Rafikov, « les observations du premier objet interstellaire mineur 1I/ʻOumuamua n’ont révélé aucun signe direct de dégazage qui aurait été naturel si sa composition était riche en éléments volatils. » Citant directement les travaux de ses confrères, l’universitaire conteste leur interprétation en s’intéressant à la rotation d’Oumuamua.
Un objet fragmenté en 4 morceaux
Comme le relève Quartz Magazine, l’astrophysicien montre que les forces responsables de l’accélération d’Oumuamua doivent aussi avoir une influence sur la rotation de l’objet. Roman Rafikov note que cette accélération a pu conduire ce corps à se fragmenter en quatre morceaux différents : si Oumuamua était vraiment une comète, cette fragmentation lui aurait été fatale.
Cette hypothèse ne concorde pas avec « la stabilité relative de son état de rotation », comme l’écrit le spécialiste. Oumuamua ne pourrait donc ni être une comète, ni un astéroïde : « Il y a des preuves fortes et sans équivoque des deux côtés », indique Roman Rafikov à Quartz Magazine.
Le messager d’une étoile morte
Il propose donc une autre théorie pour expliquer l’existence du mystérieux objet : elle est fondée sur le fait que, lorsque les étoiles meurent, elles peuvent évoluer en formant des naines blanches. Selon l’astrophysicien, Oumuamua pourrait être un des fragments de l’une de ces transformations, projeté à travers la galaxie.
« Finalement, c’est le messager d’une étoile morte », imagine le spécialiste. Une chose semble certaine : cette analyse, ainsi que la nouvelle hypothèse proposée pour identifier l’objet, font perdurer le mystère du visiteur interstellaire Oumuamua.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.