Dans la barrière de Ross, la banquise de l’Antarctique fait des bruits étranges. C’est par un « heureux accident », comme l’explique le chercheur Julien Chaput, du département de mathématiques de l’université d’État du Colorado auprès de Gizmodo, qu’il a découvert des sons émanant de la glace antarctique.
Dans une étude publiée le 16 octobre 2018 au sein de la revue Geophysical Research Letters, Julien Chaput et une dizaine d’autres chercheurs racontent comment ils ont enregistré des bruits à l’aide de capteurs sismiques sous l’Antarctique. Vous pouvez écouter ces sons dans une vidéo de l’Union américaine de géophysique et juger vous même de leur sonorité plutôt sinistre.
Un « bruit sismique ambiant »
Les chercheurs ont fait cette découverte en 2014, alors qu’ils venaient d’installer leur matériel séismographique dans la barrière de Ross, avec l’intention d’étudier la croute et le manteau de ce glacier plat de 800 km de large. En notant la présence d’un « bruit sismique ambiant », ils ont surtout découvert un nouveau moyen de savoir que les phénomènes du vent et du réchauffement altèrent la glace.
Les « résonances ambiantes omniprésentes » enregistrées par les capteurs sismiques sont le fruit « d’interactions entre le vent et la couche de neige », écrivent les auteurs. La plateforme de glace « chante continuellement à une fréquence de 5 cycles ou plus par seconde, sous l’effet des vents locaux régionaux qui soufflent sur sa topographie [ndlr : son relief] en forme de dune enneigée », ajoutent-ils.
Plus étonnant encore : les chercheurs ont établi une corrélation entre ces « chants » et des événements climatiques. Lorsque la barrière de Ross a connu des tempêtes ou un épisode de réchauffement (en janvier 2016), la fréquence de ces sons a changé. Les variations des bruits enregistrés par les chercheurs sont directement liées aux vents qui « redistribuent la neige en surface » et au réchauffement qui a affaiblit le manteau neigeux.
Les variations des bruits sont liées aux redistributions de la neige en surface
« Ces observations montrent que la surveillance sismologique peut servir à surveiller en permanence les conditions près de la surface d’une banquise et d’autres corps de glace à plusieurs mètres de profondeur », assurent les scientifiques. Les bruits sismiques sont un précieux indice pour savoir dans quel état se trouve la glace des pôles.
La glace de l’Antarctique ne laisse pas seulement émaner des sons surprenants. Un projet de la Nasa a récemment mis en évidence la présence de particules au comportement atypique dans ces glaces, dont nous ne savons pas expliquer l’existence.
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