L’étonnante faculté du tétra mexicain à régénérer son cœur passionne les scientifiques. Dans une étude publiée le 20 novembre 2018 au sein de la revue Cell Reports, une équipe de biologistes s’est intéressée aux gènes de ces poissons d’eau douce originaires de l’Amérique centrale.
Les scientifiques ont comparé deux populations différentes de poissons appartenant à cette espèce : les poissons cavernicoles, qui sont dépourvus d’yeux, et ceux qui vivent en surface et en possèdent. Ces derniers sont capables de régénérer leur cœur après une blessure, tandis que ceux qui vivent dans les cavernes gardent une cicatrice semblable à celle qui peut se former sur un cœur humain (on parle de fibrose).
En observant comment les cœurs de ces deux types de tétras mexicains réagissent après une blessure, les chercheurs ont mis en évidence que leur « degré de régénération cardiaque » était probablement liée à des différences dans leurs gènes.
Un nouveau muscle cardiaque
Comme le rappellent les chercheurs, les espèces capables de réparer leur cœur après un incident sont peu nombreuses. Comme le poisson zèbre ou la salamandre, le tétra mexicain parvient à soigner cet organe sans y laisser de cicatrice. La plaie est recouverte par « un nouveau muscle cardiaque fonctionnel. »
Chez les êtres humains qui ont par exemple vécu une crise cardiaque, aussi connue sous le nom d’infarctus du myocarde, les cellules du muscle constituant le cœur ne sont plus oxygénées et peuvent mourir. Les personnes peuvent alors conserver une cicatrice de l’infarctus, et la zone concernée ne parvient à plus se contracter comme avant.
« Notre étude montre qu’une régénération cardiaque réussie est le résultat d’une interaction délicate entre la prolifération des cardiomyocites et la cicatrisation », annoncent les chercheurs. Ils font ici référence aux cellules musculaires capables de se contracter dans le muscle cardiaque.
Grâce à un jeu de données de séquençage d’ADN, les chercheurs ont identifié un gène (Irrc10) qui semble être à l’origine de cette régénération cardiaque. Comme ce gène semble propre au muscle du cœur et que les scientifiques ignorent encore sa fonction, les biologistes ont eu l’intuition qu’il pourrait expliquer ce phénomène.
Un gène qui expliquerait cette régénération
Les observations ont d’ailleurs confirmé que, chez les tétras mexicains de surface, ce gène s’exprimait plus fortement dans les cellules où myocarde proches de la plaie, par rapport au reste du cœur.
Les biologistes pensent que l’identification de ce gène, certainement responsable de la régénération naturelle du cœur des poissons, pourrait être une piste pour soigner celui des êtres humains après une crise cardiaque.
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