Que trouve-t-on à la surface de Mars ? Essentiellement des cailloux et de la poussière. Beaucoup de ces roches présentent un intérêt limité pour la NASA, qui dispose sur la planète rouge de plusieurs instruments scientifiques permettant d’étudier sur place leur composition chimique. Inutile de s’arrêter à chaque pierre. Ce serait une perte de temps. Mieux vaut se concentrer sur les échantillons intéressants.
Et des échantillons intéressants, l’équipe derrière l’astromobile Curiosity en a repéré quatre. Leurs petits noms ? Little Colonsay, Flanders Moss, Forres et Eildon. Mais pour l’heure, ce sont les deux premiers spécimens qui intéressent surtout l’agence spatiale américaine. Leur aspect est inhabituel : le premier présente une surface étonnamment brillante, tandis que le second est au contraire bien sombre.
Un fragment de météorite ?
En apparence, estiment les spécialistes de la NASA, Little Colonsay pourrait bien être un fragment de météorite. Mais une analyse plus détaillée doit permettre de savoir exactement de quoi est fait ce caillou inhabituel. Pour ce travail, la NASA va mettre en œuvre ChemCam (« CHEMistry CAMera »), qui permet d’étudier à distance (jusqu’à sept mètres) les éléments dignes d’intérêt.
Son principe de fonctionnement est le suivant : un rayon laser frappe l’échantillon pour vaporiser de la matière. À ce moment-là, un spectromètre capte et analyse la lumière émise par le plasma résultant de la fusion de la roche. Cela permet alors d’en connaître les constituants. Cette technique est appelée spectroscopie sur plasma induit par laser.
C’est la seule façon de vraiment savoir ce qu’est ce caillou et de pouvoir ainsi estimer son origine. « L’apparence peut tromper, et la preuve ne viendra que de la chimie », explique la NASA. C’est cette même approche qui sera mise en œuvre pour Flanders Moss, ainsi que pour les deux autres échantillons. La NASA indique d’ailleurs avoir tenté auparavant une analyse de Little Colonsay, mais elle n’avait pas réussi.
Des instruments français à bord
Curiosity est arrivé sur Mars en 2012. L’astromobile embarque dix instruments scientifiques : certains fonctionnent à distance, comme ChemCam, d’autres travaillent au contact des échantillons, au niveau des bras du rover ou dans des compartiments dédiés, et les derniers analysent l’environnement général (météo, niveau de radiations, détection de neutrinos, photographies).
Il est à noter que Curiosity n’est pas une mission 100 % américaine, même si la NASA en reste très largement le chef d’orchestre et le premier contributeur. La France est présente dans l’aventure, sur le plan scientifique en tout cas : deux des instruments du rover ont en effet été conçus dans l’Hexagone. C’est le cas de ChemCam justement, élaboré à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie,
C’est aussi le cas du Sample Analysis at Mars (SAM), dont l’un des instruments — le chromatographe en phase gazeuse, qui sert à séparer les composants organiques des échantillons martiens sous forme gazeuse — a été mis au point par les laboratoires LATMOS (Laboratoire atmosphères, milieux, observations spatiales) et LISA (Laboratoire inter-universitaire des systèmes atmosphériques).
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