Cultiver de la nourriture biologique n’est pas toujours un geste écologique. Voici ce que soutiennent les chercheurs à l’origine d’une étude publié le 12 décembre 2018 dans la revue Nature. Selon eux, l’alimentation biologique serait indirectement à l’origine d’une hausse des émissions de gaz carbonique, car elle peut encourager la déforestation.
« Notre étude montre que des pois biologiques cultivés en Suède ont un impact sur le climat environ 50 % fois plus important que les pois cultivés de manière conventionnelle », avance l’un des auteurs, Stefan Wirsenius, dans un communiqué.
L’étude a été publiée par des chercheurs de l’université de Princeton (États-Unis), de l’université de technologie Chalmers (Suède), de l’université Humboldt de Berlin (Allemagne) et du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (France).
Elle contribue indirectement à la déforestation
Ces travaux rappellent que les rendements de l’agriculture biologique sont plus faibles que sur d’autres surfaces cultivables — car aucun engrais n’est employé. Par conséquent, les cultures biologiques sont obligées d’utiliser un espace plus grand que l’agriculture conventionnelle pour produire les mêmes quantités.
« Si nous utilisons plus de terres pour la même quantité de nourriture, nous contribuons indirectement à une déforestation plus importante ailleurs dans le monde », complète Stefan Wirsenius.
Des rejets de dioxyde de carbone
Les sols et les forêts contiennent d’abondantes réserves de carbone. Les chercheurs craignent que la démocratisation de l’agriculture biologique aboutisse à d’importants rejets de dioxyde de carbone. Ceux-ci se produisent en cas de déforestation, lorsque les végétaux libèrent le carbone qu’ils stockaient.
Les chercheurs proposent d’utiliser leur indicateur, qui mesure le « coût d’opportunité du carbone » (« carbon opportunities cost »). D’après eux, il peut servir à évaluer comment exploiter les terres disponibles de façon efficiente, en répondant à la fois à la nécessité de stocker le carbone (grâce aux forêts) et de produire suffisamment face à la demande alimentaire mondiale.
Une conclusion nuancée
Les scientifiques assurent que leurs travaux ne signifient pas que les consommateurs doivent cesser d’acheter des aliments biologiques. À la fin de leur étude, ils écrivent aussi que l’indice qu’ils ont mis au point devrait susciter la prudence, s’il venait à être utilisé pour justifier une pratique de l’agriculture avec des rendements élevés.
« Le défrichage d’un site à un endroit donné ne constitue pas une solution générale […] Ces types de conversion risquent également de nuire à la biodiversité […] que notre indice ne mesure pas », conclut l’étude.
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