Le gouvernement chinois a décidé de restreindre les déplacements du biologiste qui a provoqué un tollé en modifiant l’ADN de deux bébés.

L’horizon s’est assombri pour He Jiankui, ce biologiste chinois qui est à l’origine d’un tollé d’une rare ampleur au sein de la communauté scientifique mondiale, à cause de ses expérimentations génétiques sur des bébés révélées cet automne. L’homme, âgé d’une trentaine d’années, vit en effet depuis quelques semaines en résidence surveillée, selon les informations du New York Times.

He Jiankui est assigné dans un appartement dépendant de SUSTech, une université de sciences et technologie chinoise localisée à Shenzhen, une ville côtière située au sud-est de l’Empire du Milieu. L’endroit ne lui est pas étranger : c’est dans cet environnement universitaire que l’intéressé a conduit certains de ses travaux. Il en est d’ailleurs l’un des professeurs associés.

Selon le journal américain, une douzaine d’hommes sont chargés d’empêcher le chercheur de partir, mais aussi de filtrer voire d’empêcher les visites. He Jiankui n’est toutefois pas privé de ses moyens de communication — même s’ils sont très certainement sous étroite surveillance –, puisqu’il est autorisé à passer des coups de fil et à envoyer des mails.

Seul un test ADN pourra rétablir la vérité, estiment des scientifiques. // Source : Pixabay/CC0

Seul un test ADN pourra rétablir la vérité, estiment des scientifiques.

Source : Pixabay/CC0

Modifications génétiques sur des embryons humains

À l’origine de cette détention de facto se trouvent les déclarations de He Jiankui. Le 26 décembre, il a annoncé la naissance quelques semaines plus tôt de deux jumelles dont l’ADN aurait été modifié pour les rendre immunisées au virus du sida, dont leur père est porteur. Pour cela, l’équipe autour du biologiste s’est servie de la technique dite du « ciseau génétique » (ou CRISPR-Cas9).

Cette modification génétique a provoqué une unanime levée de boucliers au sein des scientifiques, les uns s’interrogeant sur le cadre des essais cliniques — c’est a priori la première fois qu’une telle expérience a lieu sur l’homme –, les autres questionnant les enjeux éthiques de cette modification du génome, qui se transmettra sur la descendance éventuelle des deux enfants.

Les questionnements concernent aussi les affirmations de He Jiankui, celui-ci n’ayant pas publié de synthèse dans une revue scientifique digne de ce nom ni permis à des pairs de se pencher sur l’état de santé des deux bébés. La manière dont le consentement des parents des deux fillettes a été obtenu est aussi une source d’interrogation, d’aucun s’interrogeant sur la possibilité qu’il ait travesti son traitement en simple vaccin.

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