Rembrandt ne pouvait pas compter sur l’impression en 3D pour donner du relief à ses toiles au 17e siècle. Mais alors, comment l’artiste arrivait-il à atteindre une telle profondeur dans ses œuvres ? Une équipe de scientifiques a enfin percé le mystère de la technique d’empâtement, qui a donné aux tableaux de l’artiste un tel relief.
Le 7 janvier 2019, les chercheurs français et néerlandais (spécialisés dans la conservation d’œuvres ou dans la chimie) ont expliqué dans la revue Angewandte Chemie que le peintre avait utilisé un élément rare : la plumbonacrite.
Une recette chimique unique
Cette découverte est précieuse pour la conservation des œuvres sur lesquelles le peintre a utilisé sa technique. Elle consiste à faire dépasser une couche épaisse de peinture de la surface de la toile.
« À cause des sources historiques manquantes sur les secrets de Rembrandt, il était essentiel de procéder à la caractérisation chimique des échantillons d’empâtement au blanc de plomb pour élucider le mystère de sa recette unique », notent les auteurs.
Ce sont les rayons X du synchrotron de Grenoble (ESRF) qui ont permis aux chercheurs de découvrir la plumbonacrite dans des fragments de taille microscopique. Ils avaient auparavant été prélevés dans des musées hébergeant des tableaux de Rembrandt, comme le Rijksmuseum Amsterdam, le Mauritshuis à La Haye et le Louvre de Paris.
Un composé rare dans les peintures
Les scientifiques expliquent avoir comparé un total de 6 fragments, dont 4 extraits d’empâtements et 2 récupérés à d’autres endroits des tableaux de Rembrandt. Ils s’attendaient à retrouver du blanc de plomb et de l’huile, « omniprésents dans les peintures de chevalet », différemment répartis dans les empâtements.
La découverte de la plumbonacrite a surpris les scientifiques : leurs analyses ont révélé que cette substance constituait plus de 20 % du poids des échantillons d’empâtement. Pourtant, la plumbonacrite « est extrêmement rare dans les couches de peintures historiques », notent les auteurs, surtout avant le 20è siècle.
Dans un communiqué, l’ESRF assure que la présence de la plumbonacrite dans les tableaux est intentionnelle et qu’elle n’est pas le résultat d’une contamination.
De nouvelles recherches seront nécessaires pour confirmer que ce composé a bien été utilisé systématiquement par le peintre pour créer cet effet en trois dimensions — qui n’a rien à envier aux actuelles IA qui s’improvisent artistes.
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