L’installation d’un sismomètre à la surface de Mars est un sacré travail de patience. La preuve : arrivé sur la planète rouge le 26 novembre 2018 après un long périple spatial, SEIS (acronyme de Seismic Experiment for Interior Structure, soit expérience sismique pour la structure intérieure) n’est en effet pas encore tout à fait déployé dans sa configuration finale.
Son objectif est de capter les vibrations à l’intérieur de Mars afin d’en déterminer la composition. D’une certaine façon, SEIS est un peu comme un stéthoscope qui écoutera battre le cœur de la planète rouge.
Certes, plusieurs étapes importantes ont été franchies au cours des deux derniers mois : l’engin a été sorti de l’atterrisseur InSight et déployé sur le sol en décembre et son bon fonctionnement a pu être vérifié début janvier.
La bonne nouvelle, c’est qu’il ne reste plus qu’une grande manœuvre à accomplir avant de passer aux écoutes : la pose d’une sorte de cloche au-dessus de SEIS, afin de le protéger de toutes les perturbations extérieures qui pourraient gêner ses mesures ou entraver son bon fonctionnement. Et c’est justement la phase qui occupe depuis plusieurs jours les équipes techniques.
Depuis le 4 février, ce dôme protecteur est en place. Son rôle est capital : il doit préserver SEIS des variations extrêmes de température qui ont lieu sur la planète rouge. Composé d’aluminium, avec une structure en nid d’abeilles, il est la partie supérieure de la cloche éolienne et thermique (WTS). Il est le premier cercle de défense de SEIS, qui dispose de son propre dispositif de protection.
Le RWEB (Remote Warm Enclosure Box) est en effet le second cercle de défense du sismomètre. Cette enceinte de forme hexagonale est composée de plusieurs couches d’un polymère spécial qui a des propriétés isolantes remarquables. Ce n’est pas tout : afin de limiter encore plus la conductivité thermique, les surfaces externes et internes de toutes les couches ont reçu un traitement supplémentaire.
Une jupe à descendre
Désormais, il ne reste plus qu’à descendre la « jupe » qui était retroussée dans le dôme en aluminium. Une fois déployée, elle sera alors en contact avec le sol. Mais l’on devrait parler plutôt d’armure médiévale, car l’une de ses trois couches est en fait une cotte de mailles. Sa tâche est avant tout de donner du poids à cette barrière, afin qu’elle reste stable même en cas de bourrasques martiennes.
La deuxième couche est une sorte d’armure en écailles qui vise essentiellement à conférer à la barrière une étanchéité face à tout ce qui vient de l’extérieur, en particulier des cailloux et de la poussière. Si des gravats sont par hasard projetés sur SEIS à cause d’un tourbillon, cette couche sera là pour les intercepter. Enfin, la troisième couche est un revêtement isolant semblable aux couvertures de survie.
Des soucis dans la dernière ligne droite
Le fait est que cette ultime étame dans l’installation du dôme de protection n’est pas absolument satisfaisante. Si la pose du bouclier s’est très bien passée, un « véritable succès » selon Philippe Laudet, le chef de projet InSight/SEIS, il s’avère que la sortie de la jupe a connu quelques soucis. Elle n’est pas sortie correctement et quelques aspérités ont été remarquées sur la cotte de mailles
Philippe Laudet confie au Centre national d’études spatiales que ces soucis sont très vraisemblablement dû au fait que la jupe est restée comprimée pendant des mois et soumise à des températures très basses, ce qui a pu causer des rigidités. Le Soleil doit permettre de réchauffer les matériaux et les décoincer, mais la tâche est rendue difficile par la faible gravité, qui n’aide pas à faire descendre la jupe.
Il reste à voir si cette jupe pourra être complètement déployée. Même si ce n’est pas le cas, SEIS demeure quand même protégé par sa propre enceinte mais aussi par le couvercle en aluminium.
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