Aller dans l’espace, mais pour y faire quoi ? Voilà la question assez inhabituelle que pose l’Agence spatiale européenne (ESA), non pas à elle-même mais au grand public. Jusqu’au mois de juin, la population est en effet invitée à participer à une consultation publique sur les futurs programmes scientifiques de l’ESA. Les réponses pourraient inspirer l’organisation dans la planification de futures missions.
Quels buts faut-il poursuivre ?
Voyage 2050 est le nom qu’a donné l’ESA à son futur programme spatial pour la période 2035-2050. Bien que celle-ci soit très lointaine, elle requiert dès aujourd’hui des arbitrages car certaines missions nécessitent des décennies de préparation.
Après avoir établi votre profil et votre intérêt pour les sciences spatiales, l’ESA vous demandera d’évaluer plusieurs domaines de recherches selon l’importance que vous leur donnez.
Sont concernées la découverte d’exoplanètes, l’étude de la structure de l’univers, la compréhension du Soleil, l’exploration du Système solaire, l’analyse du fonctionnement de l’univers, l’observation de la Terre et de son environnement spatial, l’étude des étoiles ou encore la recherche de nos origines cosmiques.
En somme, « quelles sont, selon vous, les questions les plus essentielles auxquelles nos futures missions devraient s’attaquer dans le domaine des sciences spatiales ? », demande l’ESA. Car il ne lui sera pas possible de courir plusieurs lièvres à la fois, même en supposant une hausse radicale de son budget. Avec une enveloppe annuelle d’un peu plus de 5,7 milliards d’euros, l’ESA ne peut pas financer tout ce qu’elle désire.
Faut-il plutôt financer un nouveau télescope spatial ? Si oui, quelle sera sa mission ? Ou plutôt concevoir des sondes spatiales pour explorer Uranus et Neptune, deux planètes assez méconnues du Système solaire ? Et quid des atterrisseurs ou des astromobiles à envoyer, par exemple sur Mars ou bien sur une comète ou un astéroïde présentant un intérêt quelconque ? Et qu’en est-il de la surveillance de la Terre ?
Le public a la parole
Le sondage ne nécessite aucune compétence scientifique, afin que tout le monde puisse livrer son sentiment. Le poids du sondage dans les choix de l’ESA n’est pas précisé, mais l’agence assure que les réponses seront au moins utilisées « à des fins de recherche et d’évaluation, afin de comprendre votre point de vue sur les sciences spatiales et le programme scientifique de l’ESA ».
L’ESA souhaite ici faire davantage participer le public car ses « missions sont financées par les États membres, c’est-à-dire leurs citoyens », rappelle Günther Hasinger, directeur des sciences à l’ESA. Il s’agit d’une première pour l’agence. « Nous souhaitons encourager le public à s’approprier le programme de sciences spatiales et à s’y impliquer, c’est pourquoi nous voulons entendre le point de vue de chacun », ajoute-t-il.
Explorer, c’est prévoir
L’enquête concerne le programme spatial de l’ESA pour la période 2035-2050. C’est un horizon très lointain, mais la mise en place de certaines missions requiert plusieurs décennies de travail en amont. L’ESA donne ainsi l’exemple de la mission Rosetta-Philae concernant la comète Tchouri (67P/Churyumov-Gerasimenko). Celle-ci a été définie dans les années 80, lancée en 2004 et remplie entre 2014 et 2016.
Un autre exemple est donné par le programme ARIEL (Atmospheric Remote‐sensing Infrared Exoplanet Large‐survey). En gestation ces dernières années, il a été approuvé le 20 mars 2018, mais le déploiement de ce futur télescope spatial n’aura lieu qu’en… 2028. Ce projet centré sur les exoplanètes s’inscrit dans le cadre du programme Cosmic Vision pour la période 2015-2025.
En parallèle, l’ESA mène une consultation auprès de la communauté scientifique.
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