Lorsqu’un acteur se glisse dans la peau de son personnage, cela peut aussi influencer son cerveau. Des spécialistes en neurosciences ont fait cette découverte en étudiant le système nerveux de comédiens et comédiennes en train d’interpréter Roméo et Juliette de Shakespeare.
Le 13 mars 2019, ils ont présenté leurs travaux dans la revue Royal Society Open Science. Chez des acteurs et actrices en plein travail, ils notent « une réduction globale de l’activité cérébrale ». Le cerveau des comédiens semble vivre un « processus de désactivation ».
Des zones désactivées à l’avant du cerveau
L’activité cérébrale des acteurs est particulièrement diminuée dans certaines zones lors de leurs performances. D’après les chercheurs, le processus se produit dans le lobe frontal du cerveau, situé à l’avant de cet organe. Des zones désactivées ont été observées dans le cortex préfontal dorsolatéral — connu pour accueillir des fonctions cognitives comme le raisonnement ou le langage.
Pourquoi les comédiens et comédiennes sont-ils particulièrement concernés par ce phénomène ? Les chercheurs reconnaissent que chaque individu peut jouer différents rôles dans ses interactions sociales. Cependant, « incarner un personnage lors d’une performance implique une transition bien plus complète dans un rôle que de jouer un de nos personnages quotidiens », écrivent les scientifiques. Les acteurs et actrices apprennent à se fondre dans les émotions et comportements des personnages qu’ils incarnent.
Pour découvrir cela, les scientifiques ont mené une expérience avec quinze étudiants en théâtre de l’université McMaster au Canada. Tous avaient déjà joué sur scène et connaissaient des pièces de Shakespeare. Ils ont dû répondre à des questions en improvisant. À chaque interrogation, il était précisé s’ils devaient répondre pour eux-mêmes ou en se glissant dans la peau de Roméo ou Juliette. Dans ce deuxième cas, ils devaient s’inspirer des émotions des personnages pendant la scène du balcon.
Une « perte de soi »
Pendant ce temps, les scientifiques ont utilisé la technique de l’imagerie par résonance magnétique (IRM), afin d’observer le cerveau des participants de façon non invasive. Ils ont ainsi pu étudier la manière dont le système nerveux central des acteurs évoluait.
Grâce aux images obtenues, les chercheurs ont conclu que le fait de jouer désactivait des zones du cerveau et entraînait une « perte de soi » chez les acteurs. En influençant leur attention et leur conscience d’eux-mêmes, la performance théâtrale a aussi semblé changer leur activité cérébrale.
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