La démonstration de puissance à laquelle s’est livrée l’Inde à la fin du mois de mars a sans doute flatté les égos de tous les nationalistes indiens, de New Delhi à Bombay, en passant par Calcutta. Le 27 mars, le pays a annoncé avoir procédé à la destruction d’un satellite par un tir de missile, lui permettant d’entrer dans le club très fermé des puissances capables de mener à bien une telle opération.
Mais dans le reste du monde, cet essai militaire a été accueilli fraîchement. D’abord parce que l’Inde a des différends frontaliers avec le Pakistan et la Chine et que ce type d’évènement nourrit les tensions régionales — surtout vis-à-vis d’Islamabad, avec qui des escarmouches armées ont lieu depuis le mois de février. Ensuite, parce que ce tir a produit de nombreux débris dans l’espace.
L’administrateur de la Nasa, Jim Bridenstine, vient justement de s’en plaindre début avril. Cité par le journaliste Geoff Brumfiel, le patron de l’agence spatiale américaine se dit catastrophé par cet évènement, parce qu’il accroit le risque d’une collision avec un autre satellite ou, pire encore, avec la Station spatiale internationale. « C’est vraiment une chose terrible », a-t-il déclaré.
Menace pour l’ISS
Selon la Nasa, l’explosion du satellite a généré 400 morceaux qui se sont dispersés sur plusieurs altitudes. Actuellement, 60 d’entre eux sont surveillés depuis le sol, notamment 24 débris qui ont une orbite qui va au-delà de l’apogée de la Station spatiale internationale, soit au-delà de son orbite la plus lointaine par rapport à la Terre. En creux, la Nasa suggère que l’ISS est d’une certaine façon cernée.
Il faut en effet noter que le satellite qui a été détruit en mars évoluait à 300 km d’altitude. Or, la Station spatiale internationale ne se trouve pas si loin : elle se déplace à une altitude comprise généralement entre 350 et 400 km. Certes, elle peut être déplacée en cas de risque de collision à venir, mais ses capacités de manœuvre sont limitées.
Dans ce tableau bien sombre que décrit Jim Bridenstine, il y a toutefois une lueur d’espoir : les débris, du moins une partie d’entre eux, vont au fil du temps finir par se consumer dans l’atmosphère, ce qui réduira la probabilité d’une collision fatale — si aucune génération de débris n’a lieu d’ici là. Les débris étant assez bas, la gravité terrestre et le frottement avec l’atmosphère vont accentuer ce processus.
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