La première photo d’un trou noir est désormais accessible à tous : vous pouvez par exemple la télécharger sur le site de l’Observatoire Européen Austral. Avant d’arriver sur votre ordinateur, cette image a été reconstituée à partir d’une base de données tellement lourde que le moyen le plus rapide de les transférer s’est avéré être l’avion.
Le consortium derrière l’Event Horizon Telescope a dévoilé cette photographie le 10 avril 2019. Elle a été rendue possible par la création d’un vaste réseau d’observatoires à l’échelle de la planète. Sept radiotélescopes ont observé M87*, le trou noir de la galaxie Messier 87, en avril 2017. Ils ont ainsi formé un « télescope virtuel » géant capable de regarder simultanément vers l’objet céleste.
La question de réunir les données obtenues dans divers pays s’est alors posée. Elles ont été acheminées par avion vers l’observatoire Haystack, au Massachusetts (États-Unis) et l’institut Max-Planck de radioastronomie à Bonn (Allemagne). Pourquoi ce moyen de transport a-t-il été choisi ?
5 000 ans de fichiers MP3
Lors de la présentation du cliché, le professeur adjoint d’astronomie Dan Marrone, de l’université de l’Arizona, l’a expliqué. Il y avait 5 pétaoctets de données recueillies, soit « plus d’une demi-tonne de disques durs ». Le chercheur a ajouté que cela correspondait à « 5 000 ans de fichiers MP3 » ou « une collection entière de selfies pendant la vie de 40 000 personnes ». Cela permet de se rendre compte de la quantité qu’il fallait déplacer.
Pour passer de ces données astronomiques à une image d’une centaine de kilo-octets, les disques ont dû être acheminés vers le Massachusetts et l’Allemagne. « Le moyen le plus rapide pour y parvenir n’est pas Internet, mais de les mettre dans un avion. Internet ne peut pas concurrencer la vitesse de transfert des pétaoctets de données dans un avion », a assuré l’astronome.
Nos confrères de Six Colors ont tenté le calcul. L’un des radiotélescopes de l’EHT se trouve à Hawaii, soit à 8 000 kilomètres de l’observatoire Haystack. Le temps de vol entre Hawaii et Honolulu est d’environ 11 heures. En ajoutant le reste du parcours terrestre, il faudrait entre 14 et 15 heures pour effectuer le déplacement des données. Encore faut-il savoir combien de disques entrent dans un avion : d’après nos confrères, probablement un septième du total… ce qui donne environ un transfert de 14 Go/s. Internet ne peut pas rivaliser avec cette bande passante aérienne, quand on parle de pétaoctets.
Le déplacement de ces données colossales permet de comprendre pourquoi il a fallu si longtemps aux scientifiques pour obtenir cette image. Une fois le transport achevé, il restait encore du travail : un algorithme créé par Katie Bouman a ensuite dû reconstituer l’image du trou noir.
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