« Un taux de transmission du VIH de zéro » : une nouvelle étude pourrait marquer un tournant dans la recherche médicale pour le traitement du Sida. Un groupe de scientifiques a annoncé qu’un antirétroviral était parvenu à réduire totalement le risque de transmission dans des couples d’hommes. Ce constat avait préalablement été fait pour des couples hétérosexuels.
« Le risque de transmission du VIH chez les couples gay lors de rapports sexuels sans préservatif lorsque la charge virale du VIH est supprimée est effectivement nul », ont écrit les chercheurs dans la revue The Lancet le 2 mai 2019. Cette découverte va dans le sens de la formule « U=U » (« undetectable = untransmittable », c’est-dire « indétectable = intransmissible ») qui signifie, comme le rappelle AIDES, qu’ « une personne séropositive sous traitement ne transmet plus le VIH ».
Un traitement antirétroviral : de quoi s’agit-il ?
Ces travaux se sont intéressés à des personnes gay prenant un antirétroviral, un médicament utilisé pour traiter l’infection virale par le VIH. L’objectif des antiviraux, dont les antirétroviraux font partie, est d’empêcher la réplication virale (la production de nouvelles unités du virus dans la cellule infectée). Les antirétroviraux sont « virustatiques » ce qui signifie que le virus n’est pas supprimé : il est toujours présent dans le génome (le matériel génétique) des cellules infectées par le VIH.
L’étude générale menée par les chercheurs a eu lieu dans 14 pays européens. Dans un premier temps, entre 2010 et 2014, les scientifiques ont étudié des couples gay et hétérosexuels qui avaient des relations sexuelles sans préservatif. Au sein de ces couples, l’un des partenaires infecté par le VIH suivait un traitement antirétroviral.
Au cours de la première phase, les estimations concernant les couples gay ont été jugées trop faibles. Dans un second temps, jusqu’en 2018, l’étude ne s’est intéressée qu’à des couples gay. À chaque fois que les scientifiques rencontraient les participants (tous les 4 à 6 mois), ils testaient le partenaire séropositif pour connaître sa charge virale. Le partenaire séronégatif était également testé pour vérifier s’il avait ou non contracté l’infection.
Plus de 400 transmissions sans doute évitées
972 couples gay ont pris part à cette expérience. Parmi eux, 782 couples ont permis aux chercheurs d’étudier un total de « 1 593 années de couple ». À la fin, les chercheurs ont constaté 15 nouvelles infections au VIH, mais ils ont pu montrer qu’elles n’étaient pas liées à des transmissions au sein des couples (en étudiant l’ADN des deux partenaires). Les scientifiques assurent que le taux de transmission du VIH est égal à zéro dans ces couples d’hommes, qui ont rapporté au total « 76 000 relations sexuelles anales sans préservatif ». Si le traitement antirétroviral n’avait pas été pris, les chercheurs estiment que l’on aurait pu s’attendre à observer 472 cas de transmission au sein des couples participants à l’étude.
Jusqu’à présent, les chercheurs expliquent que le niveau de risque de transmission du VIH avait été peu étudié chez les couples gay sérodifférents (une personne infectée par le VIH et une personne non infectée), par rapport aux couples hétérosexuels. Pour les auteurs de cette étude, il est désormais clair que le risque de transmission au sein des couples hétérosexuels ou gay est « similaire ». Plus précisément, il l’est pour les « relations sexuelles anales et vaginales ».
Le risque de transmission était peu étudié dans les couples gay sérodifférents
Ils notent cependant l’une des limites de leur étude, à savoir que la plupart des couples participants avaient déjà eu des relations sexuelles sans préservatif 6 mois avant le début de ces travaux. Il n’est donc pas possible de préciser le risque encouru dans des couples formés plus récemment. Par ailleurs, l’étude a principalement recruté des hommes dont l’âge médian était de 38 ans, alors que la majorité des transmission concerne des personnes âgées de moins de 25 ans.
Ces résultats soulignent cependant l’importance de l’accès aux tests et traitements pour espérer mettre un terme à l’épidémie, ainsi qu’à la nécessité de lutter contre les discriminations et stigmatisations dont font l’objet les personnes séropositives. La guérison du sida est un défi scientifique : en mars, un deuxième cas de rémission durable a été annoncé.
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