Enregistrer les images, les mots et les mouvements d’un rêve : une vingtaine de scientifiques espère y parvenir en 2020. Cette « Dream Team » de chercheurs veut ensuite créer un film avec cet enregistrement — autrement dit, réussir à conserver la trace d’un rêve.
Daniel Oldis, membre de l’Association internationale pour l’étude des rêves (IASD) et chercheur indépendant, est à l’origine de cet étonnant projet. Il en a dévoilé les détails à la journaliste Tessa Love dans une publication sur Medium le 8 mai 2019. L’autrice compare cette expérience au scénario du film Jusqu’au bout du monde (1991) dans lequel des personnages deviennent obsédés par la possibilité de regarder leurs propres rêves à travers un casque.
Mais comment enregistrer un rêve ?
En 2017, Daniel Oldis s’associe au laboratoire de neuroscience cognitive de l’université du Texas à Austin pour tenter d’enregistrer les mouvements d’un dormeur dans son rêve. Le participant a été suivi avec une électromyographie, un examen qui permet d’enregistrer l’activité électrique des muscles et nerfs (à l’aide d’une électrode à travers la peau). Cette activité a servi à créer une vidéo dans laquelle on voit un avatar marcher, censé imiter les mouvements que le dormeur a fait dans son rêve. L’expérience reposait sur le principe selon lequel les mouvements que nous faisons dans nos songes se traduisent par des signaux dans nos muscles.
Daniel Oldis a mené une expérience similaire en 2018 : cette fois-ci, le chercheur voulait tenter de reconstituer les mots qui pouvaient être prononcés dans le rêve d’un dormeur. À nouveau, la technique de l’électromyographie a été employée, pour surveiller l’activité des muscles du visage et du cou. Le scientifique partait du principe que le fait de parler dans un rêve peut provoquer des mouvements dans les muscles que nous utilisons pour parler quand nous sommes éveillés.
Si Daniel Oldis a déjà tenté d’enregistrer ainsi les mouvements et paroles d’un rêve, il n’a jamais récolté d’éléments sur les images (ce que le rêveur voit). Le chercheur compte cependant s’inspirer d’autres travaux, publiés en 2017, dans lesquels une technique de reconstruction d’image, fondée sur l’activité électrique du cerveau, a été proposée. L’activité du cerveau a été enregistrée grâce à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), une technique permettant de voir des variations dans le flux sanguin. L’outil de reconstruction s’en est servi pour tenter de reproduire les images que voyait peut-être la personne en train de rêver.
Que faire de cet enregistrement ?
Le groupe de scientifiques regroupés par Daniel Oldis va désormais tenter d’enregistrer les mouvements, les paroles et les images d’un rêve, afin d’en tirer un film. Les scientifiques membres de cette équipe (rattachés à l’université de Californie, du laboratoire de recherche de l’armée américaine ou l’université de l’Arizona) travailleront dans un studio à Burbank, en Californie, pour tenter de reconstituer en vidéo les rêves de trois à quatre volontaires.
Daniel Oldis espère ainsi obtenir un « enregistrement rudimentaire » de rêves. À supposer qu’il y parvienne, à quoi pourrait servir ces éléments ? L’équipe de scientifiques imagine qu’une telle technique pourrait avoir des bénéfices thérapeutiques, par exemple pour aider des patients à se souvenir de leurs rêves (ce qui pourrait aider à cerner leur état d’esprit). Il faudra encore probablement de longues années de recherches pour confirmer la fiabilité de cette méthode et obtenir un résultat. L’expérience pourrait poser des questions éthiques — par exemple, comment stocker un contenu aussi privé. Ou éviter, comme la science-fiction l’a imaginé, de devenir addict au visionnage de ses propres rêves.
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