La pollution plastique ne menace pas seulement les baleines et crustacés de l’océan. Elle nuit aussi à une bactérie présente dans les écosystèmes marins qui produit une partie de l’oxygène nous permettant de respirer. Des biologistes ont présenté cette découverte dans la revue Communications Biology le 14 mai 2019.
Les scientifiques se sont penchés sur le cas des bactéries « Prochlorococcus » : ce sont des cyanobactéries, aussi connues sous le nom d’ « algues bleues ». Les Prochlorococcus vivent en milieu marin et ont recours à la photosynthèse (l’absorption de dioxyde de carbone et le rejet d’oxygène). Cette minuscule bactérie est abondante et responsable de 5 % de la photosynthèse mondiale. Elle joue un rôle important pour assurer le cycle du carbone sur Terre.
Le phytoplancton, producteur d’oxygène
Les scientifiques sont formels : leurs expériences montrent que l’exposition au plastique peut « influencer la composition de la communauté marine de Prochlorococcus ». Le risque concerne plus largement le phytoplancton de l’océan, c’est-à-dire les végétaux qui vivent en suspension dans l’eau. Ils contribuent à la moitié de la production de l’oxygène par les plantes sur la Terre. La préservation de ces végétaux est primordiale, surtout lorsque l’on sait qu’ils peuvent s’adapter au changement climatique en accélérant le rythme auquel ils changent le CO2 en oxygène.
Pour vérifier leur hypothèse, les biologistes ont travaillé sur deux souches différentes de la bactérie Prochlorococcus, que l’on trouve dans les océans. Elles ont été exposées à des liquides issus de matières plastiques, comme le polyéthylène haute densité (PE-HD), utilisé pour produire des bouteilles de lait ou des flacons de médicaments, ainsi que le poly(chlorure de vinyle) ou PVC, qui peut servir dans la fabrication de vêtements.
La croissance des bactéries altérée
Résultat : la croissance des Prochlorococcus a été « altérée », constatent les chercheurs. Après 72 heures, les bactéries étaient moins nombreuses dans les deux souches analysées. Les plastiques ont aussi eu un impact sur la photosynthèse de ces organismes : les bactéries ont produit moins d’oxygène qu’auparavant. Des deux types de plastiques testés, c’est le PVC qui a le plus eu d’effets négatifs sur les bactéries.
Les auteurs ne font pas de lien entre les concentrations de ces plastiques dans les océans et celles choisies lors de l’expérience. Cependant, ils sont persuadés que « les organismes marins, y compris le Prochlorococcus, rencontreront de plus en plus de particules de plastique dans leur environnement ». Elles pourraient entraver l’activité de ces bactéries, notamment la photosynthèse, et mettre en péril le reste de la biodiversité. Alors que la quantité de dioxyde de carbone dans l’atmosphère terrestre vient de dépasser un nouveau record, les humains ont plus que jamais besoin des organismes capables de transformer le CO2 en oxygène s’ils veulent continuer à respirer.
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