Il y a 120 ans naissait Anita Conti. La première femme océanographe française est célébrée par Google, dans le Doodle du 17 mai 2019. L’animation présente la scientifique en train d’étudier et de photographier les océans. Qui était celle que les marins-pêcheurs surnommaient « la Dame de la Mer » ?
Anita Conti a laissé de nombreuses archives sur ses voyages et observations en milieu maritime. Son œuvre photographique regroupe près de 70 000 images. Sensible aux dommages provoqués par les humains sur l’océan, l’océanographe s’est aussi intéressée au gaspillage à bord des bateaux.
« J’ai su nager avant de marcher »
Anita naît le 17 mai 1899, à Ermont. Sa mère, Alice Lebon, a des origines franco-belges. Son père, Léon Caracotch, est Arménien. « J’ai su nager avant de marcher », avait l’habitude de rappeler Anita Conti, influencée dès son plus jeune âge par la passion de son père pour l’océan. Elle grandit entre son quotidien en région parisienne et les séjours en Bretagne.
Anita n’est jamais allée à l’école. Des professeurs particuliers se chargent de sa scolarité. Pendant son enfance, elle voyage (un an en mer Méditerranée, l’occasion de découvrir Constantinople) et apprend à lire les cartes marines. Pendant la Première Guerre mondiale, elle et sa famille trouvent refuge sur l’île d’Oléron.
Après la guerre, Anita vit à Paris et devient relieuse d’art. En 1927, elle épouse Marcel Conti, un secrétaire d’ambassade. Elle devient journaliste et publie plusieurs articles dans les journaux La République, Le Figaro ou L’Illustration, où elle parle des rivages ou des huîtres. Dans ses écrits transparaissent ses inquiétudes sur la protection des ressources de la mer. « Les champs marins auraient-ils besoin, comme les champs terrestres, d’un rythme de repos ? » écrit-elle.
En 1934, elle rejoint l’Office scientifique et technique des pêches maritimes (OSTPM) et exerce le rôle de « responsable de la propagande » : elle est chargée de communiquer autour de l’océanographie, qui commence à obtenir des budgets importants de la France. Anita Conti quitte l’OSTPM en 1942. Elle y laisse les cartes de zones de pêches qu’elle a conçues.
Elle embarque en 1939 à bord du chalutier Vinking pour trois mois. C’est l’occasion pour elle de découvrir « l’étrange monde d’une industrie à la fois parfaitement mécanisée et primitivement sauvage ». Tout en se faisant une place dans cet environnement masculin, Anita Conti s’inquiète des risques liés à la surpêche en découvrant les fonds marins appauvris. Ce voyage devient l’objet de l’un de ses ouvrages, Le Carnet Vinking.
Une femme sur les dragueurs de mines
Pendant l’hiver 1939-1940, Anita Conti embarque sur des dragueurs de mines (des navires de guerre), alors que la Marine nationale l’interdit aux femmes. En 1941, elle se retrouve sur le chalutier Volontaire, appuyée par l’OSTPM qui essaye de continuer ses travaux malgré la guerre. Au cours de plusieurs escales, elle découvre le continent africain et étudie les pratiques de pêche traditionnelles. Pendant 10 ans, elle vit avec les tribus locales et les conseille pour éviter les carences dans les régimes alimentaires. Elle rentre en France en 1950.
Deux ans plus tard, elle embarque sur un autre chalutier, baptisé Bois-Rosé. Pendant 6 mois, elle photographie la vie des pêcheurs qui vont chercher la morue à Terre-Neuve, une île au large de l’Amérique du Nord, en Atlantique. Cette expédition est racontée dans un autre de ses livres, Racleurs d’océans, publié en 1953.
Anita Conti s’est éteinte le 25 décembre 1997 à Douarnenez, une ville portuaire en Bretagne. Entre 2004 et 2014, l’association Cap sur Anita a contribué à la numérisation de 28 000 clichés de la première océanographe française.
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