La nature reprend peu à peu ses droits à Tchernobyl. Dans les zones les plus touchées par l’accident nucléaire survenu en 1986, des scientifiques ont observé de nombreuses espèces animales. Certaines semblent s’être adaptées à l’environnement local en développant des spécificités, écrit un chercheur dans The Conversation.
Les animaux s’adaptent à l’environnement
En mars, une trentaine de chercheurs d’universités européennes se sont rencontrés à Portsmouth, en Angleterre. Ils travaillent tous sur la biodiversité à Tchernobyl.
Ils ont observé des mammifères, des oiseaux, amphibiens, insectes ou bactéries. Selon eux, le niveau de radiations actuel ne les empêche plus de vivre. Le nombre d’animaux est aujourd’hui stable. Des caméras, installées dans le cadre d’un projet britannique académique nommé TREE, ont réussi à capturer des images d’espèces comme les ours bruns et les bisons européens, qui n’avaient plus été aperçues dans la zone depuis 1986. Le nombre de loups ou de chevaux de Przewalski a aussi augmenté.
D’autres espèces se sont elles simplement adaptées, à l’image des grenouilles. Dans la zone la plus touchée par les radiations, leur peau est désormais plus foncée. « Il est possible que ce soit une stratégie de défense adoptée contre les radiations », écrit le chercheur espagnol Germán Orizaola.
Selon lui, il pourrait y avoir plusieurs explications. La faune pourrait être plus résistante qu’on ne le pensait aux radiations, ou s’y adapterait mieux. L’absence d’humains dans la zone pourrait également avoir joué un rôle dans la prolifération de gros mammifères, comme si « les activités humains étaient plus négatives sur le moyen-terme qu’un accident nucléaire ».
Un rétablissement plus rapide que prévu
Des centaines de personnes au moins — les chiffres varient selon les estimations — avaient trouvé la mort durant ou suite à l’accident de Tchernobyl. Celles qui avaient survécu avaient été évacuées, laissant l’endroit complètement à l’abandon.
L’accident avait évidemment eu aussi des effets négatifs sur la biodiversité locale à court terme. La forêt qui se trouvait à côté de la centrale nucléaire a d’ailleurs été renommée « la forêt rouge ». À cause des radiations, les feuilles des arbres ont viré vers cette couleur. Peu d’animaux avaient survécu.
La décontamination de la zone a été progressive et visiblement efficace. Les chercheurs pensaient qu’il faudrait attendre plusieurs centenaires avant de retrouver une véritable biodiversité. Aujourd’hui, ils estiment qu’elle est déjà « bonne ».
Des espèces plus fragiles et un tourisme en pleine croissance
Il ne faut pas pour autant se réjouir trop vite. Germán Orizaola précise que la vie de certains insectes a changé au lendemain de l’accident. Ils auraient une vie plus courte en moyenne, et seraient plus facilement affectés par des parasites dans les zones à fortes radiations. « Les cas d’albinisme chez certains oiseaux ont augmenté et [nous avons pu observer] des modifications génétiques ou comportementales chez ceux qui vivent constamment dans les zones contaminées », écrit-il.
En 2016, la zone irradiée a été transformée en réserve par le gouvernement. Pourtant, elle n’est plus aussi préservée qu’avant. En 2018, 70 000 touristes se sont rendus sur les lieux… menaçant de nouveau la biodiversité locale, d’après les chercheurs.
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