« Nettoyer les océans du plastique, c’est comme tenter de nettoyer une flaque alors qu’il y a une fuite. Il faut s’attaquer à la source du problème. » Romain Troublé est le directeur de la Fondation Tara Océan. Il fait partie des organisateurs de la Mission microplastiques 2019 qui lève l’encre ce 27 mai pour parcourir plusieurs fleuves européens.
Pendant 6 mois, la goélette Tara et son équipage vont explorer 10 fleuves (Tamise, Elbe, Rhin, Tibre…) et réaliser 18 escales. Le départ a lieu à Lorient, dans le Morbihan. « L’objectif est de remonter les fleuves pour trouver les origines de la pollution aux microplastiques [ndlr : des particules de moins de 5 millimètres]. C’est un problème qui concerne la mer, mais qui ne se règle pas en mer », nous explique Romain Troublé.
Objectif : 6 000 échantillons à analyser
Le bateau est en mer depuis 2010 afin de prélever de minuscules fragments de plastique dans ses filets. En Arctique, dans le Pacifique ou en Méditerranée, le constat est toujours le même : Tara a récupéré des microplastiques. Pour lutter contre cette « pollution diffuse », Romain Troublé ne croit pas au nettoyage intensif qui risque de nuire au plancton et à la biodiversité. Les missions poursuivies par Tara Océan ont pour but de faire avancer la recherche scientifique avec des prélèvements de cette pollution plastique.
15 laboratoires du CNRS sont associés au projet. Ce sont leurs scientifiques qui seront chargés d’analyser les 6 000 échantillons que Tara doit récolter. Des scientifiques locaux, qui ont une connaissance plus approfondie des différents fleuves, seront aussi invités à embarquer à bord. L’objectif est de comprendre depuis combien de temps ces fragments se trouvent dans l’eau et quelle est leur origine. Les relevés doivent ainsi permettre d’estimer le « flux » auquel ces microparticules se déversent. Les premier résultats devraient être publiés en 2020 ou 2021.
Comment seront prélevés les microplastiques ?
Le bateau possède plusieurs filets : un filet d’un mètre de large, qui ne descend pas à plus de 5 centimètres sous la surface de l’eau, et plusieurs filets de la taille d’un ballon de football, plongés à 50 mètres de profondeur. « On n’a jamais attrapé de poisson avec », précise Romain Troublé. La moitié du temps, le bateau avancera grâce à sa voile. Et le reste ? Du gazole. Le directeur de la Fondation Tara Océan admet que cela peut apparaitre comme une incohérence. « On vit dans un paradoxe », reconnait-il.
À la fin de ses 6 mois de navigation, Tara rentrera fin novembre. La fondation espère faire passer un message auprès du public lors de ce voyage. « On ne pourra pas nettoyer l’océan, c’est bien trop gigantesque. Ce qu’il faut retenir, ce qu’il est plus facile d’arrêter de polluer que de nettoyer. Et c’est également moins cher », conclut Romain Troublé.
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