La Sibérie deviendra plus facilement habitable avant la fin du siècle. Des scientifiques de l’institut des forêts Soukatchev (Russie) et du centre de recherche Langley (États-Unis) ont prédit que le climat de la zone serait bien plus chaud et doux dès les années 2080, favorisant ainsi les migrations humaines.
Le 7 juin 2019, les chercheuses ont résumé leurs travaux dans la revue Environmental Research Letters. En étudiant plusieurs conditions climatiques, dont la répartition du permafrost (les zones du sol gelées en permanence), elles arrivent à la conclusion que la zone sera bien plus aisément habitable. Actuellement, le territoire représente 77 % de la superficie de la Russie et 27 % de sa population.
Jusqu’à 9°C supplémentaires en hiver
D’ici les années 2080, les températures pourraient augmenter de 3,4 à 9,1°C en plein hiver et de 1,9 à 5,7°C en plein été. « Cela n’a pas l’air d’un grand changement pour une journée, mais sur le plan climatique, cela pourrait faire la différence entre la vie et la mort », note Amber Soja, chercheuse en sciences environnementales et co-autrice de l’étude, dans un communiqué. Dans ces conditions, le permafrost qui occupe actuellement 65 % des sols pourrait ne couvrir que 40 % de la région en 2080.
Les chercheuses utilisent le « potentiel écologique du paysage » (« Ecological Landscape Potential » ou ELP), un indicateur qui permet d’estimer dans quelle mesure des zones peuvent être habitables par des humains. Il intègre des mesures de chaleur et d’eau favorables au développement de la végétation. Cet ELP pourrait augmenter dans plus de la moitié du territoire de la Sibérie d’ici 2080, d’après le scénario le plus chaud prévu par les scientifiques. Le scénario le moins chaud estime ce changement touchera 15 % de la superficie de la Sibérie.
Des migrations humaines à anticiper
La capacité actuelle de ce territoire à accueillir des populations humaines pourrait être multipliée par 5 ou 7 avant la fin du siècle. Les chercheuses anticipent que la situation pourrait provoquer des « migrations humaines » en Sibérie. Selon les autrices, il serait opportun de réfléchir dès à présent aux infrastructures et à l’agriculture qu’il faudrait développer dans la région pour s’adapter à cette évolution future.
Les scientifiques ont utilisé le projet d’Intercomparaison des modèles couplés (CMIP), qui fait partie du Programme mondial de recherches sur le climat (PMRC) des Nations Unies. Il permet de coordonner les simulations climatiques de plusieurs centres de recherche. L’étude explore deux scénarios de changement climatique : un avec une hausse modeste des températures, l’autre avec une hausse plus importante. Dans chacune des hypothèses, les autrices ont étudié la répartition du permafrost et l’ELP.
« Comprendre le potentiel des paysages écologiques est crucial pour élaborer des stratégies viables de développement économique à long terme », concluent les chercheuses. Elles invitent les décideurs politiques à ne pas ignorer ces prédictions et à prendre des décisions dès à présent. Comme en matière de préservation de la biodiversité, il est encore temps d’agir.
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