Les lignes à haute tension représenteraient un risque « possible » pour la santé des enfants, annonce l’AFP dans une dépêche datée du 21 juin 2019. L’agence de presse renvoie aux conclusions de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), qui a publié un nouveau rapport sur « les effets sanitaires liés à l’exposition aux champs électromagnétiques basses fréquences ».
Que signifie réellement ce risque « possible » ? Cela veut-il dire que les enfants vivant à proximité des lignes à haute tension risquent effectivement de développer des leucémies ? À la lecture de l’avis publié par l’Anses et de ses précédents travaux, il semble surtout que c’est un principe de précaution qui s’applique dans ce rapport.
Les champs électromagnétiques extrêmement basses fréquences (EBF) peuvent être émis par des lignes à haute tension, une infrastructure le plus souvent aérienne (comme sur l’image ci-dessus) qui sert au transport de l’électricité. Leur fréquence est inférieure à 50 hertz (Hz). L’Anses s’intéresse à leur possible impact sanitaire depuis plusieurs années, notamment à la question de savoir s’il peut exister un lien avec le développement de la leucémie (un cancer qui touche les cellules de la moelle osseuse) chez des enfants.
Surtout des études menées avant 2010
« L’ensemble des données considérées […] permet de conclure à un effet possible des champs basses fréquences sur l’apparition de cette pathologie », c’est-à-dire la leucémie infantile, écrit l’Anses dans les conclusions de son nouveau rapport. L’agence sanitaire ajoute que « cette conclusion est davantage basée sur les résultats des études antérieures à 2010 que sur les résultats des études récentes, qui retrouvent moins fréquemment le lien mis en évidence précédemment ». Autrement dit, aucune étude publiée en 2010 ou après n’a établi un lien avéré entre les champs de basses fréquences et le risque pour les enfants d’avoir une leucémie.
Le précédent rapport évoqué ici date de mars 2010 : il a été rédigé par l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Affset), quelques mois avant sa fusion avec l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) pour former l’Anses.
Dans ce document, l’Affset concluait que l’hypothèse d’un lien de causalité entre l’exposition aux champs magnétiques de basse fréquence et la leucémie infantile restait envisageable, ajoutant ensuite que « cette hypothèse n’est soutenue ni par des études sur les animaux ni par des études in vitro sur des systèmes cellulaires ». Le rapport recommandait de mener de plus amples études pour « caractériser expérimentalement une relation causale entre les champs magnétiques extrêmement basses fréquences et les leucémies de l’enfant ».
Continuer à envisager d’autres causes de la leucémie infantile
Dans cet autre article daté de 2017, l’agence a rappelé qu’aucun lien de cause à effet n’a été identifié entre l’exposition aux champs magnétiques EBF et la leucémie infantile. L’Anses invitait à ne pas écarter d’autres causes pouvant expliquer le développement de cette pathologie. À titre de précaution, l’agence préférait recommander de ne pas installer des écoles ou crèches à proximité des lignes à haute tension (ou de ne pas installer ces lignes à proximité de ces établissements).
Le rapport rendu par l’Anses ce 21 juin 2019 ne change ni ce constat ni cette préconisation puisque l’agence réitère ses concluons précédentes, comme le fait d’ailleurs remarquer l’AFP dans sa dépêche. La possibilité du lien entre leucémie infantile et la présence de lignes à haute tension n’est pas écartée car rien ne prouve qu’elle n’existe pas. Il s’agit davantage d’un principe de précaution adopté par l’agence sanitaire, qui souligne bien que les études existantes ne permettent pas non plus d’affirmer avec certitude l’existence d’un lien de cause à effet.
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