Qui se souvient d’Oumuamua ? Les scientifiques n’ont toujours pas oublié ce mystérieux visiteur interstellaire, détecté en octobre 2017 alors qu’il se trouvait à proximité de notre planète. Une nouvelle étude, publiée le 1er juillet 2019 dans la revue Nature Astronomy, relance le débat sur l’origine de l’objet, qui a d’abord été qualifié de comète puis d’astéroïde (et à nouveau de comète).
Devant la difficulté à classer Oumuamua, l’hypothèse qu’il soit d’origine extraterrestre est née. Même le SETI s’est penché sur la question, en mettant l’objet interstellaire sur écoute pendant un mois (recherches qui se sont avérées infructueuses). « Nous ne trouvons aucune preuve convaincante en faveur d’une explication extraterrestre pour Oumuamua », répondent une dizaine de scientifiques dans cette nouvelle étude.
Pourquoi l’origine d’Oumuamua fait-elle tellement débat ?
Lorsque l’objet a été détecté en 2017 par le télescope Pan-STARRS à Hawaï, il se trouvait à 0,2 unité astronomique de la Terre (soit 30 millions de kilomètres). Des astronomes avaient conclu qu’Oumuamua était bien le premier objet connu à venir de l’extérieur de notre système solaire. Cependant, le court laps de temps lors duquel il a pu être observé a « limité les informations disponibles sur sa dynamique et son état physique », notent les chercheurs dans Nature Astronomy. L’absence de données précises a suffi pour que les hypothèses scientifiques fusent sur la provenance de l’objet.
Les chercheurs qui voyaient en Oumuamua une technologie alien avaient posé l’hypothèse qu’il soit semblable à une « voile solaire », capable de se propulser grâce aux photons (les particules élémentaires de la lumière) qui la percutent. Les auteurs répondent que l’ « amplitude de la courbe de lumière » (l’évolution de sa luminosité en fonction du temps) d’Oumuamua s’oppose à cette théorie. « Pour qu’une voile solaire provoque l’accélération non gravitationnelle observée, elle doit rester correctement orientée vers le Soleil. Cependant, pour obtenir les variations de luminosité observées, son orientation devrait être différente de celle observée depuis la Terre », écrivent les auteurs. Ce scénario n’est donc pas possible.
Les arguments de la rareté et de la forme d’Oumuamua ne tiennent pas
L’origine extraterrestre d’Oumuamua a aussi été évoquée en raison de « sa rareté présumée », poursuivent les chercheurs, jugeant que cet argument n’est pas solide. On ne peut pas exclure que d’autres objets semblables à Oumuamua puissent se trouver dans le système solaire. Leur signal pourrait être trop faible pour que nous les repérions (ce qui n’est pas la même chose que d’affirmer que ces objets sont rares).
La forme particulièrement mince d’Oumuamua avait aussi été avancée pour dire qu’il pouvait avoir une origine extraterrestre. Comme le rappellent les auteurs, la forme de l’objet est sujette à interprétation en fonction de son axe de rotation. Oumuamua pourrait très bien avoir la forme d’un ellipsoïde (une sphère déformée, comme la forme d’un œuf par exemple) ou ressembler davantage à un « ovale aplati ». Ces formes ne seraient pas incompatibles avec une origine naturelle (par exemple, un fragment d’un plus gros objet).
Finalement, ce qui manque probablement aux scientifiques pour classer Oumuamua serait de déterminer si ses propriétés sont rares ou communes, par rapport à d’autres objets interstellaires. La mise en service du futur Grand Télescope d’étude synoptique (LSST) prévue d’ici 2022 au Chili pourrait permettre de découvrir un objet interstellaire par an, anticipent les auteurs. Ces observations pourraient servir de comparaison afin d’étudier le visiteur interstellaire qui passionne encore les scientifiques, presque 2 ans après son passage dans notre voisinage.
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