Vous pouvez boire de l’eau du robinet.

En 1976, la banlieue de Niagara Falls nommée Love Canal est devenu rapidement le centre de l’attention médiatique américaine. Et pour cause : un journal local a révélé que des immeubles avaient été construits sur un ancien site accueillant les déchets toxiques d’une industrie. Le bruit médiatique autour de ces révélations spectaculaire, notamment pour les conséquences sanitaires présumées à l’époque, a été tel que la panique engendrée a donné lieu à une évacuation des quartiers et une mise en quarantaine de la zone.

Problème : les dangers liés à la contamination de Love Canal, si elle a existé, n’ont jamais été prouvés. Aujourd’hui, l’affaire est un cas d’école, dont le traitement est souvent remis en question par les médias et étudié par des chercheurs comme un cas d’availability cascade, qui se traduirait par des « possibilités en cascade ». Il décrit la capacité d’un cycle d’information à se renforcer lui-même, influençant des croyances, jusqu’à l’extrême : dans l’histoire de Love Canal, il est tout à fait possible que toutes les décisions prises par les autorités dans la panique aient été inutiles.

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L’eau du robinet contaminée ?

Et c’est notamment pour que les autorités puissent prendre des décisions éclairées sur les problématiques de santé que les agences scientifiques testant en permanence ce que nous consommons existent. Récemment, des révélations d’une association ont affirmé qu’il existait une contamination radioactive de l’eau potable. Ces termes qui font assurément peur, comme beaucoup de termes ce qui touchent au nucléaire, ont été les seuls retenus du communiqué et les seuls qui se sont retrouvés partagés en masse sur les réseaux sociaux — avec un relai coupable de certains médias. Et pourtant, même l’association, aussi catastrophiste soit-elle, avait reconnu qu’« aucune valeur mesurée ne dépassait le critère de qualité de 100 Becquerel par litre », dans le même communiqué.

C’est une information que confirme l’Agence Régionale pour la Santé, chargée des contrôles de l’eau de consommation. Le tritium, isotope de l’hydrogène, retrouvé dans de l’eau est à une mesure absolument normale, entre 0 et 24 Bq/L sur les mesures prises depuis 10 ans, avec « une moyenne se situant autour de 3 Bq/L ». Autrement dit, des quantités absolument négligeables, trop faibles pour qu’elles aient le moindre effet et très éloignées des seuils français qui déclencheraient une enquête sanitaire. Pour donner la mesure de ce principe de précaution, l’OMS considère 10 000 Bq/L comme une « valeur-guide » pour le tritium dans l’eau, pour la consommation courante d’un adulte.

Dès lors, il est impossible de parler du moindre danger — ce que différentes préfectures, dont celles des Haut de Seine et de Paris ont confirmé ces derniers jours. Il faudra d’ailleurs boire de l’eau : ce week-end et la semaine qui vient, la canicule est de retour en France. Et contrairement au tritium qui sort du robinet, la chaleur peut tuer.

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