De l’eau gelée logée dans les cratères du pôle sud de la Lune s’échapperait peu à peu. Selon la Nasa, les météorites et le vent lunaire expliqueraient ce phénomène. Cela change-t-il quelque chose pour les projets d’exploration lunaire ?

De l’eau qui se trouve à la surface de la Lune pourrait être en train de s’en échapper lentement. Des scientifiques sont parvenus à cette conclusion dans une étude, présentée par la Nasa le 23 juillet 2019. Cette eau se trouve au pôle sud de l’astre, logée dans des cratères ombragés. Sa présence, confirmée en août 2018, était porteuse d’espoir pour les futurs projets d’exploration lunaire, incluant la construction d’une base facilitant le voyage vers Mars.

D’après les scientifiques, des « processus environnementaux externes [ndlr : à la Lune] pourraient éroder le givre ». L’eau gelée risque de s’échapper peu à peu : une couche d’un demi micromètre (un micromètre équivaut à un millième de millimètre) du sol gelé peut s’éroder en moins de 2 000 ans. Cette couche supérieure de gel, « plus fine que la largeur d’un globule rouge », décrit la Nasa dans un communiqué, laisse fuir l’eau malgré la température très basse à cet endroit (-233°C).

Les cratères ne se contentent pas de retenir l’eau

Le pôle sud de la Lune est riche en cratères, comme le montre l’image ci-dessus. « Les gens pensent que certaines zones de ces cratères retiennent l’eau et c’est tout », explique William M. Farrell, physicien des plasmas membre du Goddard Space Flight Center de la Nasa, co-auteur de l’étude. Pourtant, des météorites et des particules du vent solaire (des ions et électrons éjectés par l’atmosphère du Soleil) peuvent toucher la surface de la Lune (notre satellite n’a pas d’atmosphère).

Elles peuvent être à l’origine de réactions, que l’on observerait dans un environnement avec des températures plus élevées. Comme l’explique la Nasa dans son communiqué, les météorites ou les particules du vent solaire « bombardent la surface de la Lune et génèrent des molécules d’eau qui rebondissent vers de nouveaux endroits ».

De l’eau sublimée ou perdue

Selon la taille de la météorite, l’impact peut déloger l’eau gelée jusqu’à 30 kilomètres du site. Les minuscules morceaux de glace se retrouvent exposés à la chaleur du Soleil et à l’environnement spatial. Ils peuvent être « sublimés [ndlr : passer de l’état solide à l’état gazeux] ou perdus par d’autres processus environnementaux », explique Dana Hurley, planétologue au Laboratoire de Physique Appliquée de l’université Johns-Hopkins et co-autrice de l’étude.

Des météorites frappant la surface de la Lune. // Source : NASA's Goddard Space Flight Center

Des météorites frappant la surface de la Lune.

Source : NASA's Goddard Space Flight Center

Cette eau qui s’échappe risque-t-elle de nuire aux projets d’installations humaines sur l’astre ? Pas forcément : la Nasa souligne que, si l’eau s’enfuit des cratères, il n’est pas exclu qu’une nouvelle eau s’y ajoute par ailleurs. Elle pourrait provenir des comètes glacées qui heurtent la Lune. Avec le vent solaire, les météorites pourraient créer une sorte de cycle de l’eau. Si des particules d’eau se dispersent à la surface de la Lune, cela pourrait même faciliter la vie des futurs explorateurs qui n’auraient pas forcément à aller chercher l’eau au fond des cratères.

Afin d’en savoir davantage, les scientifiques de la Nasa proposent une solution : envoyer une sonde qui serait capable de détecter la vapeur d’eau éjectée des cratères. L’appareil pourrait être placé en orbite polaire (inclinée à 90°). Grâce à cela, nous en saurions peut-être davantage sur cette eau qui s’échappe des cratères du pôle sud de la Lune.

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