En 2 000 ans d’histoire climatique, les températures mondiales n’ont jamais augmenté aussi vite qu’aujourd’hui. C’est la conclusion de deux études publiées dans les revues Nature et Nature Goescience le 24 juillet 2019 que Numerama a pu consulter. D’après ces scientifiques, l’ampleur du réchauffement planétaire n’a aucun précédent au cours des deux derniers millénaires.
À partir de l’année 1850, les scientifiques ont pu utiliser les mesures prises par des thermomètres sur Terre. Mais comment ont-ils pu estimer le climat des années passées ? Ils ont utilisé une archive de données de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA). Elle contient 692 enregistrements couvrant 648 sites terrestres, incluant « toutes les régions continentales et les principaux bassins océaniques ».
Avant les thermomètres, des indicateurs du climat
Ces données ont été obtenues grâce à des indicateurs comme des anneaux d’arbres (plus marqués en cas de saisonnalité du climat), des carottes de glace (des échantillons extraits de calottes glaciaires), des sédiments (des dépôts laissés par l’eau ou le vent), des coraux et des spéléothèmes (des dépôts minéraux dans des cavités). Ces éléments sont de bons moyens d’observer les variations climatiques dans le passé. Dans les carottes de glace, par exemple, on peut trouver des petites bulles d’air qui renseignent sur la composition des gaz du climat à une époque donnée.
« L’étude du climat passé fournit une base essentielle pour comprendre et contextualiser les changements du climat contemporain », écrivent les chercheurs dans Nature. Depuis le 19e siècle, l’évolution climatique de la Terre a été classée en différentes époques climatiques. L’une d’elles est le « petit âge glaciaire ». Au cours des dernières décennies, cette expression a été employée pour parler d’un « état de climat froid presque mondial, long de plusieurs siècles, qui s’est produit entre 1300 et 1850 », poursuivent les scientifiques.
Des époques climatiques incohérentes à l’échelle mondiale
Or, les différentes époques climatiques ont été classées à partir de preuves qui ont été trouvées en Europe et en Amérique du Nord, constatent les scientifiques. L’idée selon laquelle les époques climatiques « sont des phénomènes à l’échelle mondiale » a été acceptée. Pourtant, les scientifiques assurent qu’ « aucune époque préindustrielle ne montre une cohérence globale [ndlr : à l’échelle du monde] dans la temporalité des périodes les plus froides ou les plus chaudes » : par contre, il existe « une cohérence [à l’échelle] régionale », notent les auteurs.
Ce n’est qu’à partir de la fin du 20e siècle que les chercheurs constatent, dans leurs estimations, « la plus forte probabilité d’un pic de réchauffement pour l’ensemble de l’ère commune [ndlr : après J.-C] ». La probabilité concerne 98 % des surfaces, à l’exception de l’Antarctique où le réchauffement n’est alors pas constaté sur l’intégralité du continent. Même s’il reste encore des zones où le réchauffement est moins prononcé (voire des zones qui refroidissent), « le système climatique se trouve désormais dans un état de cohérence de la température mondiale sans précédent pendant l’ère commune ».
Pour les auteurs, ces résultats apportent « une preuve supplémentaire d’un réchauffement climatique d’origine anthropique [ndlr : d’origine humaine] d’une nature sans précédent dans le contexte des 2 000 dernières années ». Ils espèrent que leurs travaux couperont court aux arguments des climatosceptiques qui avancent que la hausse des températures actuelle fait partie d’un processus naturel.
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