Des scientifiques jugent que les accords de Paris manquent de transparence. Par conséquent, les États membres ne présentent pas des objectifs de réduction d’émission des gaz à effet de serre suffisamment ambitieux.

Si les pays ne respectent pas les accords de Paris dont ils sont pourtant membres, c’est parce que ces accords manquent de transparence et de cohérence. Deux scientifiques l’affirment dans un article publié le 26 juillet 2019 au sein de la revue Environmental Research Letters.

« Les accords de Paris stipulent que les principes de transparence, d’exactitude, d’exhaustivité, de comparabilité et de cohérence doivent être respectés dans la comptabilisation des émissions », constatent les auteurs. Cet accord sur le climat quasi universel (seuls les États-Unis n’en veulent pas) prévoit de contenir le réchauffement planétaire en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, d’ici la fin du siècle. Dans ce nouvel article, les scientifiques expliquent que les principes de transparence et de comparabilité doivent être étendus jusqu’aux contributions des différents pays, si l’on veut espérer que l’objectif soit atteint.

Comment fonctionnent les accords de Paris ? L’approche adoptée dans ce texte est ascendante (« bottom-up approach »), rappelle un communiqué annonçant la publication de cette nouvelle étude. Cela signifie que ce sont les pays qui font des promesses : leurs contributions aux émissions de gaz à effet de serre sont « déterminées au niveau national », mentionnent les accords. C’est précisément cette approche qui explique, selon les auteurs, que les accords ne soient pas respectés par les États qui en font partie.

Des accords inadéquats, voire inefficaces

« Les accords de Paris sur le climat étaient un pas dans la bonne direction pour la politique climatique internationale. Mais dans leur forme actuelle, ils sont au mieux inadéquats et au pire largement inefficaces », résume Lewis Carl King, de l’institut de recherche ICTA en Espagne, coauteur de l’étude, dans le communiqué. Si les accords étaient davantage transparents, les scientifiques pensent que les promesses des États seraient plus ambitieuses. La société civile pourrait mieux juger de l’implication des pays, créant ainsi un « effet psychologique », avancent les auteurs : celui « d’induire un changement de comportement pour augmenter les ambitions ».

Parmi les pays qui ont fait des promesses sur leurs réductions d’émissions de gaz à effet de serre, les auteurs expliquent ainsi que 80 % des membres du traité ont présenté des « objectifs conditionnels ». Ces conditions sont par exemple un accès à un financement ou la nécessité d’une coopération internationale. Comme le notent les scientifiques, ces conditions sont vagues et il n’est pas certain qu’elles soient remplies. L’objectif de limiter le réchauffement planétaire à 2°C d’ici la fin du siècle semble d’autant plus difficile à atteindre.

La pollution de l'air à Delhi, en Inde. // Source : Pixabay (photo recadrée)

La pollution de l'air à Delhi, en Inde.

Source : Pixabay (photo recadrée)

Il faudrait des objectifs d’émissions plus clairs

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont étudié les divers engagements pris par les pays et les ont regroupés en 4 catégories pour pouvoir les comparer. La première regroupait les pays qui ont annoncé des « réductions d’émissions absolues pour une année cible sous la forme d’un pourcentage » (en utilisant une année de référence). Le deuxième groupe est formé par les pays qui ont également annoncé une réduction en pourcentage de leurs émissions, en prenant pour base le scénario où rien ne serait changé d’ici 2030. Le troisième groupe de pays présente des objectifs d’émissions dépendants du PIB (produit intérieur brut). Le quatrième ensemble regroupe des pays qui ne présentent pas d’objectifs clairs de leurs émissions de gaz à effet de serre.

Pour que les ambitions des pays membres de l’accord soient plus élevées, les auteurs proposent que ces États « convertissent leurs engagements en objectifs d’émissions clairs » en prenant tous pour référence leurs émissions sur une même année (l’étude prend pour base l’année 2015, mais il faudrait régulièrement changer cette année de référence pour que les objectifs proposés restent pertinents et atteignables). L’incapacité des États à respecter les accords de Paris apparaît d’autant problématique qu’une nouvelle étude vient juste de conclure que le réchauffement actuel est sans précédent en 2 000 ans.

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