Fin 2017, un « nuage radioactif » de rutenium-106 avait parcouru l’Europe, en touchant notamment l’Allemagne, la France, l’Italie, la Suisse et l’Autriche. Le niveau de radiations était cent fois supérieur à celui détecté en Europe après l’incident de Fukushima. Mais, heureusement, il n’y avait pas de quoi impacter la santé humaine des Européens. La source de ce « nuage » vient d’être enfin rigoureusement démontrée, dans de nouvelles recherches publiées ce 29 juillet 2019.
Aucun État n’avait été tenu responsable de ce relâchement radioactif, puisque son origine restait incertaine. L’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) avait pourtant bien pointé du doigt une source potentielle en Russie ou au Kazakhstan, en désignant le complexe nucléaire de Maïak. Mais les autorités russes avaient démenti.
Ce n’était pas une centrale nucléaire
La nouvelle étude apporte davantage de données et une conclusion solide. Elle a été menée conjointement par 70 experts à travers le monde via l’IRSN, l’Université de Vienne et l’Université Leibtnitz de Hanovre. Ils ont travaillé à partir de 1 300 mesures de radioactivité depuis 176 stations de contrôle placées dans 29 pays.
À partir de l’analyse de ces données, les chercheurs ont établi que le relâchement ne provenait pas d’une centrale nucléaire. Si c’était le cas, il y aurait eu bien d’autres éléments radioactifs que du ruthenium-106. Il s’agissait finalement d’une usine de retraitement des déchets nucléaires. Plus précisément, ce sont des combustibles nucléaires usagés échappés, selon les chercheurs, peu avant la fin de la chaîne de retraitement.
En modélisant les mouvements de l’air et les niveaux de concentration, cette nouvelle étude tend à confirmer qu’en définitive ce nuage provient du sud de l’Oural, en Russie. Le complexe nucléaire de Maïak, qui contient une usine de retraitement des déchets, serait bel et bien la véritable source.
Un rejet soudain et très court
Dans un communiqué, Georg Steinhauser, co-auteur des recherches, relève que « cette usine de traitement des déchets nucléaires a déjà été la scène du deuxième plus grand rejet radioactif de l’histoire, en septembre 1957 ». Un réservoir de déchets liquides provenant de la production de plutonium avait alors explosé en contaminant toute la zone.
L’émission de ce nouveau rejet radioactif qui a touché l’Europe est datée par les chercheurs entre le 25 et le 26 septembre 2017. Contrairement à l’incident de 1957 et à bien d’autres qui ont duré plusieurs jours (comme Chernobyl), celui-ci fut « un rejet soudain qui s’est terminé très, très vite ». C’est pour cette raison que le taux de radiations du nuage n’était pas dangereux pour la santé, même s’il était plus élevé que le nuage européen provenant de Fukushima.
Quant aux causes exactes de l’incident, la conclusion de l’article scientifique indique qu’il est fort « probable » que cela soit lié à une production ratée de cérium (144-Ce), qui avait été commandée au complexe Maïak par le Laboratoire italien Gran Sasso à des fins d’expérience.
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